La fabrication des bijoux traditionnels à Niort du XIXe siècle au début du XXe siècle (1/2)

 
 
 
 
 
 
Noce poitevine Noce poitevine Noce poitevine Jean Brunet,
huile sur toile, 101 x 160 cm, 1901,
Niort, musée Bernard d’Agesci.
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Contrairement à d'autres provinces plus prospères dans lesquelles le bijou traditionnel s'épanouit dès le XVIIIe siècle, le Poitou voit se diffuser ce type de bijou à partir du début du XIXe siècle, en même temps que le costume et la coiffe. Avant la Révolution, il ne gagne que très rarement les milieux paysans qui restent pauvres.

Le développement du port du bijou traditionnel favorise l'essor de la bijouterie dans le Poitou et notamment à Niort où les nombreux ateliers locaux répondent à une demande de plus en plus forte.

Les bijoux conservés dans les collections du musée Bernard d'Agesci sont majoritairement en argent. C'est le cas des crochets de châtelaine à ciseaux ou couteau, des agrafes de blouses et de mantes, des boucles de chaussure et des épingles-guimbardes, rarement en or car utilitaires et portés par des classes paysannes. De la même façon, les bijoux à pierre sont des bijoux d'exception dans une région où les maîtres orfèvres, graveurs et ciseleurs travaillent essentiellement sur le métal.

La majorité des bijoux traditionnels poitevins a donc été l'œuvre de bijoutiers, artisans-commerçants créant des bijoux sans utiliser de pierres précieuses. Les bijoux sertis de pierres sont généralement fabriqués par le joaillier. Aux XVIIIe et XIXe siècles, l'orfèvre était assimilé au bijoutier pour la fabrication des bijoux les plus riches dans la société rurale.

Facture de l’atelier Fouquet fils à Niort Facture de l’atelier Fouquet fils à Niort Facture de l’atelier Fouquet fils à Niort Facture de l’atelier Fouquet fils au n°2 place du temple, Niort, 1841, Niort,
Archives départementales des Deux-Sèvres.
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Bergère de Mougon près de Niort Bergère de Mougon près de Niort Bergère de Mougon près de Niort Carte postale, 2e moitié du XIXe siècle, Niort, musée Bernard d'Agesci.
La bergère porte un crochet auquel est suspendu un couteau.
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À l'instar d'autres villes provinciales, Niort avait au XIXe siècle une activité industrielle importante et un artisanat d'art développé et spécialisé notamment dans les domaines de la chamoiserie-ganterie, de la chaussure et de l'orfèvrerie.

La production des petits ateliers de bijoutiers et des manufactures employant plus d'une trentaine d'ouvriers travaillant l'or et l'argent étaient essentiellement orientée, entre le Premier Empire et la Première Guerre mondiale, vers la fabrication de bijoux régionaux.

Il existe peu d'informations sur les orfèvres niortais du XIXe siècle et contrairement à ce que l'on pourrait penser, les documents écrits témoignant de leurs activités sont assez rares. Les maîtres niortais ont pu être identifiés grâce aux registres de maîtres orfèvres, seules sources fiables, où sont inscrits les orfèvres et parfois les revendeurs et réparateurs. Néanmoins, les sources d'archives ne permettent pas de distinguer les artisans-fabricants des réparateurs et revendeurs, simple commerçants.

L'étude des poinçons, signatures obligatoires depuis le Moyen-Âge, insculpés sur les objets d'orfèvrerie, permet également de distinguer les différentes maisons et ateliers. Le poinçon et le nom de certains orfèvres sont parfois mentionnés sur les plaques d'insculpation, documents rares et précieux. L'étude des différents bijoux des collections publiques du Poitou met en évidence l'importance de plusieurs familles de fabricants niortais. La maison Quantin-Aubineau dont une partie de l'atelier est aujourd'hui entrée dans les collections du musée Bernard d'Agesci, en est un exemple.

Agrafe de mante de la maison Quantin-Aubineau Agrafe de mante de la maison Quantin-Aubineau Agrafe de mante de la maison Quantin-Aubineau Agrafe de mante, type A2, à décor central de corbeille fleurie, argent embouti, L. 14,8 ; L. 31 (totale) ; D. 6,6 (coque), poinçons : Minerve, argent 2e titre et poinçon du maître orfèvre de l'atelier Quantin-Aubineau, Niort, 2e moitié du XIXe siècle, inv. 998.39.18(1et2), Niort, musée Bernard d’Agesci. Vers la fiche de cette agrafe