L'estampage

 
 
 
 
 
 
 
Représentation d’un ouvrier pratiquant l’estampage manuel Représentation d’un ouvrier pratiquant l’estampage manuel Représentation d’un ouvrier pratiquant l’estampage manuel Représentation d’un ouvrier pratiquant l’estampage manuel, détail d’une gravure d’après  l’Encyclopédie…, Diderot et d’Alembert, 1751-1780, vol.2, pl. III, Boutonnier en métal (fig. 1). Fiche de ce document  

L'estampage manuel est une technique très ancienne, utilisée en Égypte dès le Nouvel Empire au milieu du IIe millénaire avant J. - C. comme une alternative au repoussé grâce auquel les reliefs sont obtenus par repoussage du métal directement de l'envers sur l'endroit avec des bouterolles frappées au marteau.

Contrairement à la fonte, mise en œuvre du métal fondu, l'estampage est une technique de mise en forme d'une feuille de métal martelée, à partir d'une matrice. À l'instar d'une empreinte, la matrice comporte en creux la forme du modèle à obtenir. L'estampage consiste donc à enfoncer une feuille de métal dans une matrice soit en la frappant directement au marteau avec des bouterolles, soit par pression mécanique d'une contre-matrice en relief.

Matrices mâle et femelle destinées à fabriquer une agrafe de mante Matrices mâle et femelle destinées à fabriquer une agrafe de mante Matrices mâle et femelle destinées à fabriquer une agrafe de mante Matrices mâle et femelle destinées à fabriquer une agrafe de mante de type gerbe à épi de blé, acier, gravure en creux, h. 6 x L. 7,3 x l. 7,8 (matrice mâle), h. 6,1 x L. 9 x l. 10 (matrice femelle), 2e moitié du XIXe siècle, atelier Lorrain, inv. 992.15.904.1 (matrice mâle), inv. 992.15.904.2 (matrice femelle) Niort, Musée Bernard d’Agesci. En savoir plus sur la matrice femelle En savoir plus sur la matrice mâle  

Au XIXe siècle, l'estampage à la machine est une technique très courante pour le façonnage des croix Jeannette, de leurs cœurs coulants, des plaques des colliers esclavage, des agrafes de mante et autres éléments de décor, cœurs, pendeloques, figures de la Vierge ou du Christ. Les bijoux d'ornement et les bijoux souvenirs qui les remplacent progressivement au XXe siècle sont eux aussi fabriqués par estampage à la machine, tout comme les médaillons ou petits coffrets à décor religieux.

Matrice destinée à fabriquer une bague Foi Matrice destinée à fabriquer une bague Foi Matrice destinée à fabriquer une bague Foi Matrice destinée à fabriquer une bague Foi, acier, gravure en creux, h.2,9 x L. 4,8 x l. 4,8, 2e moitié du XIXe siècle, atelier Lorrain, inv. 992.15.272, Niort, musée Bernard d’Agesci. En savoir plus sur cette matrice  
 Matrices mâle et femelle pour plaques à motifs religieux Matrices mâle et femelle pour plaques à motifs religieux Matrices mâle et femelle pour plaques à motifs religieux Matrice et contre matrice destinées à fabriquer des plaques de coffret à motif religieux (crucifixion), acier, gravure en creux et en relief, h. 5,3 x L. 5,7 x l. 7,2 (matrice femelle), h. 2,6 x L. 3,7 x l. 4,7 (matrice mâle), 1e moitié du XXe siècle, atelier Lorrain, inv. 992.15.378 (matrice femelle), inv. 992.15.384 (matrice mâle), Niort, musée Bernard d’Agesci. En savoir plus sur la matrice femelle En savoir plus sur la matrice mâle  
Trois matrices pour plaques de colliers esclavage Trois matrices pour plaques de colliers esclavage Trois matrices pour plaques de colliers esclavage Trois matrices destinées à fabriquer des plaques de colliers esclavage, acier, gravure en creux, 2e moitié du XIXe siècle, atelier Lorrain, inv. 992.15.923 (H. 4,4 ; L. 6,1 ; l. 6,1), inv. 992.15.925 (H. 4 ; L. 5,4 ; l. 5,4), inv. 992.15.926 (H. 3,5 ; L. 5 ; l. 5), Niort, musée Bernard d’Agesci. En savoir plus sur la matrice En savoir plus sur la matrice En savoir plus sur la matrice  

La fabrication de matrices, l’une en creux, l’autre en relief et parfaitement emboîtables, relève d'une haute technicité. Leur façonnage est une étape essentielle dans le procédé de fabrication du bijou estampé car la qualité de la matrice détermine celle de l'estampage. Les matrices de bijoux des ateliers d'orfèvres Quantin-Aubineau, sont des blocs d'acier moulé ne dépassant pas la dimension de la paume de la main. Elles sont finement gravées en creux et possèdent parfois une contrepartie d'acier ou de cuivre gravée en relief. Ces matrices sont en partie issues d'ateliers parisiens hautement spécialisés dans la gravure sur métal, ou des premières grandes usines de bijouterie parisienne. L'identification de leur provenance exacte n'est pas toujours aisée car certaines ne possèdent pas de signatures.

Matrice femelle pour agrafe de mante A1 Matrice femelle pour agrafe de mante A1 Matrice femelle pour agrafe de mante A1 Matrice femelle destinée à fabriquer une agrafe de mante de type A1 (modèle à corbeille centrale entourée d’un motif en C et d’une bordure à guirlande de fleurs et feston de perles), acier, gravure en creux, h. 5,5 x L. 9,6 x l. 9,8, Rostaing fabricant, 2e moitié du XIXe siècle, atelier Lorrain, inv. 992.15.903, Niort, musée Bernard d’Agesci. En savoir plus sur cet objet  
Matrice femelle pour agrafe de mante B Matrice femelle pour agrafe de mante B Matrice femelle pour agrafe de mante B Matrice femelle destinée à fabriquer une agrafe de mante de type B à motif central de palmette, acier, gravure en creux, h. 6 x L. 7,6 x l. 9,5, Fleury-Allard graveur, 2e moitié du XIXe siècle, atelier Lorrain, inv. 992.15.900, Niort, musée Bernard d’Agesci. En savoir plus sur cet objet  
Matrice femelle pour agrafe de mante C Matrice femelle pour agrafe de mante C Matrice femelle pour agrafe de mante C Matrice femelle destinée à fabriquer une agrafe de mante de type marguerite (type C), acier, gravure en creux, h. 5,5 x L. 10,2 x l. 10,2, Rostaing fabricant, 2e moitié du XIXe siècle, atelier Lorrain, inv. 992.15.897.2, Niort, musée Bernard d’Agesci. En savoir plus sur cet objet  
Matrice pour agrafe de type facetté, à cabochon Matrice pour agrafe de type facetté, à cabochon Matrice pour agrafe de type facetté, à cabochon Matrice destinée à fabriquer une agrafe de mante de type facetté et à cabochon central, acier, gravure en creux, h. 6,5 x L. 9,4 x l. 9,6, 2e moitié du XIXe siècle, atelier Lorrain, inv. 992.15.898.2, Niort, musée Bernard d’Agesci. En savoir plus sur cette matrice  
Matrices mâle et femelle pour agrafe de type gerbe de blé Matrices mâle et femelle pour agrafe de type gerbe de blé Matrices mâle et femelle pour agrafe de type gerbe de blé Matrices mâle et femelle à fabriquer une agrafe de mante de type gerbe à épi de blé, acier gravé en creux (femelle), cuivre gravé en relief (mâle), h. 1,3 x L. 6,8 x l. 6,9(matrice mâle), h. 5,4 x L. 7,7 x l. 7,7(matrice femelle), Girardin fabricant, 2e moitié du XIXe siècle, atelier Lorrain, inv. 992.15.938, Niort, musée Bernard d’Agesci. En savoir plus sur ces deux matrices  
Matrice femelle pour agrafe de mante A2 Matrice femelle pour agrafe de mante A2 Matrice femelle pour agrafe de mante A2 Matrice femelle destinée à fabriquer une agrafe de mante de type A2(modèle à corbeille centrale entourée d’un motif en C à bordure externe de godrons), acier, gravure en creux, h. 6,7 x L. 10,9 x l. 10,5, Parent fabricant, 2e moitié du XIXe siècle, atelier Lorrain, inv. 992.15.901.3, Niort, musée Bernard d’Agesci. En savoir plus sur cet objet  
Presse à balancier Presse à balancier Presse à balancier Presse à balancier, issue de l’atelier Lorrain, 2e moitié du XIXe siècle, Niort, musée Bernard d’Agesci. En savoir plus sur cet instrument   Représentation d’un balancier Représentation d’un balancier Représentation d’un balancier Représentation d’un balancier, détail d’une gravure d’après l’Encyclopédie…, Diderot et d’Alembert, 1751-1780, vol.7, pl. XV, Monnayage, Balancier. Fiche de ce document  

L'estampage à la machine peut être effectué au balancier, au mouton ou à la presse. Il permet d'obtenir des séries de pièces identiques. La frappe est plus efficace, précise et plus régulière que la frappe manuelle au marteau qui laisse les traces des outils visibles au revers de l'objet.

Généralement en bronze ou en acier, les deux matrices présentent, l'une en creux, l'autre en relief, la forme du bijou à estamper. La matrice mâle ou contre-matrice, gravée en relief, est fixée dans la partie supérieure de la presse et vient frapper la matrice femelle, appelée aussi « ébauche à estamper », située sur la partie inférieure de la machine. Plusieurs frappes successives sont nécessaires avec, lors d'un estampage complet, des recuits entre chaque passe pour éviter la cassure du métal.

Détail du balancier avec une matrice et une contre-matrice Détail du balancier avec une matrice et une contre-matrice Détail du balancier avec une matrice et une contre-matrice Reconstitution d’un estampage à l’aide d’une matrice et d’une contre-matrice. Presse à balancier, issue de l’atelier Lorrain, 2e moitié du XIXe siècle, Niort, musée Bernard d’Agesci. En savoir plus sur cette photo  
Reconstitution d’un estampage à l’aide d’une matrice et d’une contre-matrice Reconstitution d’un estampage à l’aide d’une matrice et d’une contre-matrice Reconstitution d’un estampage à l’aide d’une matrice et d’une contre-matrice Reconstitution d’un estampage à l’aide d’une matrice et d’une contre-matrice. Presse à balancier, issue de l’atelier Lorrain, 2e moitié du XIXe siècle, Niort, musée Bernard d’Agesci. En savoir plus sur cette photo  

Ce procédé mécanique exige une grande précision d'exécution car un mauvais positionnement des matrices peut provoquer un décalage visible sur la pièce estampée et un flan de métal trop fin risque de se briser sous l'effet de l'écrasement. L'épaisseur du flan est toujours plus importante que celle de la pièce finie après estampage car il y a déperdition de métal à chaque frappe.

Zoom sur :

Des matrices signées Savard

Un petit nombre de matrices de croix, cœurs coulants et agrafes de mante issues des ateliers Quantin-Aubineau, provient de la fabrique de bijouterie Savard située dans le Marais à Paris au milieu du XIXe siècle. Ces matrices portent en effet les inscriptions « Savard » et « F. Allard », généralement gravées sur la face travaillée.

Matrice pour une croix Jeannette Matrice pour une croix Jeannette Matrice pour une croix Jeannette Matrice destinée à fabriquer une croix Jeannette, acier gravé par Fleury-Allard dans la fabrique de bijouterie Savard, h. 5,5 x L. 8,6 x l. 10,9, atelier Lorrain, inv. 992.15.694, Niort, musée Bernard d’Agesci. En savoir plus sur cette matrice  
Matrice pour un cœur coulant Matrice pour un cœur coulant Matrice pour un cœur coulant Matrice destinée à fabriquer un cœur coulant, acier gravé par Fleury-Allard dans la fabrique de bijouterie Savard, h. 4,6 x L. 7,4 x l. 7,7, atelier Lorrain, inv. 992.15.905.13, Niort, musée Bernard d’Agesci. En savoir plus sur cette matrice  
Matrice pour une croix Matrice pour une croix Matrice pour une croix Matrice destinée à fabriquer une croix, acier gravé par Fleury-Allard dans la fabrique de bijouterie Savard, h. 4 x L. 5,1 x l. 5,1, atelier Lorrain, inv. 992.15.705, Niort, musée Bernard d’Agesci. En savoir plus sur cette matrice  

La fabrique d'orfèvrerie de François Auguste Savard est une usine spécialisée à partir de 1844, dans la fabrication de bijoux doublés, obtenus par soudure d'au moins deux parties estampées. De 1845 à 1850, Savard applique dans ses ateliers l'estampage par la matrice d'acier, nouveau système d'outillage substitué à l'estampage au poinçon, qui lui permet de fabriquer des bijoux de qualité en série tout en économisant de la main-d'œuvre.

L'introduction et la généralisation de l'estampage sur matrice d'acier coïncide donc avec le développement depuis 1830 de la bijouterie en or doublé perfectionnée par Savard.

L'usine parisienne fabrique des bijoux communs pour l'usage des campagnes ainsi que des matrices de bijoux destinées aux orfèvres bijoutiers des grandes villes de provinces.

Depuis le XVIIIe siècle, époque à laquelle apparaît le matriçage à la machine avec des matrices en acier, la gravure des matrices servant de modèles est généralement effectuée à la main d'après un modèle dessiné. Cette pratique perdure au XIXe siècle puisque les matrices issues de l'usine Savard sont gravées au burin directement en grandeur réelle. Certaines matrices issues de l'atelier Quantin-Aubineau ont été gravées par Fleury-Allard, graveur sur acier travaillant dans la fabrique de bijouterie Savard.

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