En 1992, à l'occasion d'une enquête ethnographique, le musée du Donjon de Niort a procédé à l'acquisition du fonds de l'atelier d'Henri Fromantin (1901-1991), dernier fabricant de bijoux traditionnels à Niort et successeur d'une lignée de maîtres orfèvres niortais, les Quantin et Quantin-Aubineau, dont la maison fut fondée dans les années 1850.
Cette collecte réalisée auprès du successeur d'Henri Fromantin a permis de réunir au sein d'une même collection publique les bijoux traditionnels (agrafes de mante, cœurs coulants, colliers esclavage, croix Jeannette, crochets de châtelaine à ciseaux) et les outils ayant servi à leur fabrication.
Parmi ces outils, un ensemble de plusieurs centaines de matrices en acier, utilisées par les ateliers Quantin-Aubineau, présente un intérêt particulier si l'on considère le nombre et la diversité des bijoux estampés à l'aide de ces matrices : agrafes de mante, bagues Foi, cœurs coulants, croix Jeannette, qui au début du XXe siècle, cessent progressivement d'être portés au profit des bijoux souvenirs et des bijoux d'ornement, eux aussi estampés. Les matrices reflètent ainsi l'adaptation voire la spécialisation du travail de l'orfèvre face aux évolutions sociales et au recul du port du bijou régional à partir du début du XXe siècle.
D'un point de vue technique, elles confirment la pratique de l'estampage dans les ateliers niortais au cours du XIXe siècle, une pratique qui permet d'exécuter plusieurs exemplaires d'un même bijou afin de répondre aux besoins croissants d'une clientèle plus aisée formée par la paysannerie, les artisans-commerçants et la petite bourgeoisie.
La restitution partielle de cet atelier d'exception, issu d'une longue tradition locale, est l'occasion de redécouvrir les gestes minutieux de l'orfèvre bijoutier et les techniques de fabrication du bijou poitevin entre le milieu du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle.