La fabrication des bijoux traditionnels à Niort... (2/2)

 
 
 
 
 
 

À la fois accessoire du costume et signe d’une appartenance ou d’une croyance, le bijou dit « régional », de par ses aspects de conception et son utilisation faite, traduit le plus souvent une source identifiable. Les bijoux se différencient selon les modèles, les fonctions et les formes et ils ont aussi leurs particularités techniques.

Nous pouvons ainsi distinguer deux types de fabrication, l'un relevant de la bijouterie, l'autre d'un artisanat domestique ou familial. Ce dernier est beaucoup plus limité et concerne essentiellement les bijoux faits de perles et paillettes enfilées ou cousues tels que les rubans de cou, les épingles fibules, les chaînettes et les anneaux de crin. Ces petits bijoux ne nécessitent pas de savoir-faire spécialisé et les fournitures nécessaires à leur fabrication sont achetées au colporteur ou à la foire, lieu d'échange, d'approvisionnement et de commerce pour les populations rurales.

Le bijou peut être issu d'un artisanat spécialisé, qu'il soit local, éloigné ou parisien : il peut provenir d'un atelier d'orfèvre local, ou être dû à un artisan éloigné du pays d'utilisation et travaillant par exemple à Paris. Dans ce cas, le terme de « bijou régional » est à nuancer. Il ne peut être compris que dans son acception d'utilisation et ne renvoie pas au lieu où il est fabriqué.

 
Ouvrière portant un crochet de châtellaine Ouvrière portant un crochet de châtellaine Ouvrière portant un crochet de châtellaine « Lusignan et Vivonne (Vienne) - Costume de l'ouvrière allant au Marché », carte postale, 2e moitié du XIXe siècle, Niort, musée Bernard d'Agesci.
L'ouvrière porte un crochet de châtelaine ayant la forme d'un cœur évidé.
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Fileuse portant un crochet de châtelaine Fileuse portant un crochet de châtelaine Fileuse portant un crochet de châtelaine « Paysanne de Mougon, près NIORT(Deux-Sèvres) », carte postale, 2e moitié du XIXe siècle, Niort, musée Bernard d'Agesci.
La fileuse porte un crochet de châtelaine ayant la forme d'un cœur évidé.
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Paysanne portant de agrafe de mante Paysanne portant de agrafe de mante Paysanne portant de agrafe de mante « Au village, au marché du chef-lieu », carte postale, Niort, musée Bernard d'Agesci.
Au premier plan, la paysanne porte une agrafe de mante.
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Le fonds de l'atelier d'Henri Fromantin ainsi que les documents d'archives attestent que l'activité niortaise n'est pas exclusivement tournée vers la fabrication de bijoux poitevins. Elle concerne également la production de bijoux traditionnels pour des régions éloignées, comme la Bretagne et la Normandie, et l'importation de bijoux parisiens. La délocalisation de la production de bijoux régionaux reflète d'une part l'importance des relations commerciales qui existent entre des provinces éloignées sur les plans géographique et ethnographique et, d'autre part, des savoir-faire spécifiques régionalisés.

Chapeau breton et boucle Chapeau breton et boucle Chapeau breton et boucle Niort, musée Bernard d'Agesci. Vers la fiche de cette carte postale  

Zoom sur :

De la grisette au chapeau rond

Matrices de bijou Matrices de bijou Matrices de bijou Matrice mâle et femelle d’un élément de bijoux normand, acier, gravure en creux et en relief, h. 5 x D. 2,7 (matrice mâle) ; h. 3,8 x L. 3,9 x l. 6 (matrice femelle), XIXe siècle, atelier Lorrain, inv. 992.15.772.1 (matrice mâle) et inv. 992.15.772.2 (matrice femelle), Niort, musée Bernard d’Agesci. Vers la fiche de la matrice mâle Vers la fiche de la matrice femelle  
Matrices de bijou Matrices de bijou Matrices de bijou Matrice d’un Saint-Esprit normand, acier, gravure en creux, h. 3,9 x L. 4 x l. 6,1, XIXe siècle, atelier Lorrain, inv. 992.15.756, Niort, musée Bernard d’Agesci. Vers la fiche de cet objet  

Au XIXe siècle, les échoppes niortaises fournissent d'autres provinces comme en témoignent des boucles de chapeaux bretons ou encore des matrices d'éléments de décor de bijoux normands destinées à la confection du Saint-Esprit de Haute-Normandie ou de la croix de Saint-Lô.

Parmi la collection Lorrain, une série de boucles de chapeaux pour Quimper, Saint Pol de Léon et Rosporden, datant des années 1925, prouve que la fabrication niortaise d'accessoires de costume étranger se poursuit au-delà du XIXe siècle.

 
Boucle Boucle Boucle Boucle à chapeau, cuivre découpé, fabriquée dans l’atelier d’Henri Fromantin et destinée à la ville de Quimper, L. 7 x l. 6, 1e moitié du XXe siècle, atelier Lorrain, inv. 992.15.194.4, Niort, musée Bernard d’Agesci. Vers la fiche de cet objet  
Boucle Boucle Boucle Boucle à chapeau en métal argenté et laiton, à décor ajouré et gravé. Boucle fabriquée dans l’atelier d’Henri Fromantin et destinée à la ville de Quimper, L. 8 x l. 6,5, 1e moitié du XXe siècle, atelier Lorrain, 992.15.16.2, Niort, musée Bernard d’Agesci. Vers la fiche de cet objet  
Modèle Modèle Modèle Modèle de boucle à chapeau, métal découpé et gravé, L. 8,1 x l. 7,1, 1e moitié XXe siècle, atelier Lorrain, inv. 996.8.36, Niort, musée Bernard d’Agesci. Vers la fiche de cet objet  

Dès les années 1850 et parallèlement au développement des ateliers locaux comme ceux de Niort, les importations de bijoux parisiens s'intensifient alors que le costume régional s'enrichit des premiers tissus issus de l'industrialisation. Parmi les acteurs de ces importations, la maison niortaise Quantin-Aubineau, spécialisée dans la fabrication de bijoux régionaux, commercialise des bijoux d'origine parisienne.

Le qualificatif « de régional » doit donc être nuancé car il ne peut désigner systématiquement une fabrication dans la région d'utilisation. En effet, certains bijoux sont portés dans plusieurs régions, parfois très éloignées et dans ce cas, l'aspect régionaliste de l'accessoire repose essentiellement sur la manière de le porter ou sur des détails décoratifs qui peuvent varier. Par exemple, certaines agrafes de mante portées en Normandie et dans le Haut-Poitou sont issues des mêmes ateliers parisiens et parfois les variations de formes et de décors sont infimes avec celles fabriquées dans les ateliers locaux.

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