La salle chinoise

Cette salle fut créée à son retour de Chine par Loti après qu'il ait assisté à la fin de la terrible révolte des Boxers, voyage qu'il évoque dans Les derniers jours de Pékin édité en 1902. L'année suivante, le 11 mai 1903, cet extraordinaire décor est inauguré par une fête non moins extraordinaire. Presque entièrement démonté à la fin des années 1920 par Samuel, on ne connaît une fois de plus ce décor et son aménagement que grâce à quelques vues. Son contenu est détaillé dans la vente des 29-30 janvier 19291.

 

La lecture du catalogue laisse rêveur eu égard à la qualité des œuvres, en effet tout ou presque provient du Palais de Pékin avec comme pièce emblématique le lot 169important trône impérial, en bois de fer sculpté et ajouré de motifs floraux ; il est accompagné d'un fronton à cinq vantaux ornés de glaces, auquel on accède par une galerie à trois marches qui trouva preneur à 6600 francs. On pourrait citer le lot 1 Coupe plate, en porcelaine jaune impérial, gravée sous couverte de dragons poursuivant le joyau sacré, au milieu des nuages. Cachet Kannghi mais Kienlong , d'autres porcelaines jaunes de provenance impériale, des pièces textiles tel le lot 113 costume de cour chinois , comprenant un manteau en satin jaune, tissé et lamé or, décoré en polychromie, de dragons poursuivant le joyau sacré au milieu des nuages, au dessus des flots ou le lot 125 deux coussins impériaux, en sparterie, décoré en application de broderies jaune impérial et ornés de fleurs polychromes.

Il est vrai que Loti ressentit une admiration sans bornes devant cet univers clos, jusqu'alors interdit, qu'était le palais occupé. Il décrit à longueur de pages sa fascisation pour les arrangements fantastiques qui forment son univers du moment. Dans ce lieu, l'empereur, être quasi-divin, évolue dans un décor, toile de fond d'une vie de cour complètement ritualisée. La Cité Interdite est un grand théâtre dont l'acteur essentiel est le « Fils du Ciel », voilà bien de quoi séduire complètement Loti et lui permettre de se projeter. La reconstitution même à échelle réduite lui parut sans doute inévitable.

Aujourd'hui la provenance de cette collection, même s'il s'en est défendu, montre cette salle chinoise sous le jour peu glorieux du pillage.

C'étaient les mœurs du temps pour inexcusables qu'elles soient.

Seule la partie arrière de la salle subsiste, bien délabrée. Loti en avait fait couvrir les plafonds et les murs de carreaux de plâtres peints. Ce qui y est aujourd'hui présenté provient pour l'essentiel de la pagode japonaise, si l'on excepte les quelques vêtements rescapés de la garde-robe chinoise.

Devenir de la salle chinoise

La partie subsistante sera restaurée afin d'y présenter les vêtements chinois (par roulement) et quelques pièces chinoises dispersées dans la maison dont la statue sino-tibétaine de la déesse Sitatapatra, dite la déesse au parasol blanc.


1 Op.cit.