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Un projet de trente années

 
Mohave Water Carrier Edward S. Curtis Mohave Water Carrier  - Détail (1903) Mohave Water Carrier Une mère mohave sur une rive du fleuve Colorado portant une poterie sur la tête et son enfant dans les bras. Les Mohave portent pratiquement tous les fardeaux sur leurs têtes. Particulièrement massives et solidement bâties, les femmes peuvent porter des chargements considérables avec une apparente facilité. On a vu une femme tenir en équilibre sur la tête une traverse de chemin de fer qu'un homme robuste aurait à peine pu soulever et qui, de plus, portait une lourde charge à chaque main. (E. S. Curtis)
Aire : Sud-Ouest  |  Tribu ou nation : Mohave
Année du dépôt de la photo : 1903  |  Volume II
Mots-clés :  portrait féminin portrait en pied objet usuel cliché annoté
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Curtis, laisse son studio de Seattle à la gestion de ses assistants, et autofinance ses premiers déplacements grâce à la vente de tirages sur les lieux même des prises de vue. Il participe également à diverses publications.

À la différence de ses prédécesseurs partis photographier des territoires, cartographier les terres sauvages, rencontrant et portraiturant les Indiens à l'occasion, E. Curtis a pour démarche principale d’aller à leur rencontre. Il multiplie les voyages pour les approcher et convaincre les membres des différentes tribus de poser devant la caméra et d’accepter de livrer le témoignage de leurs vies et de leurs cultures.

Entre 1901 et 1906, il voyage à la rencontre des Indiens de la côte Nord-Ouest, du Sud-Ouest et des Grandes Plaines. En 1903, il présente sa première exposition, dans son propre studio, en annonçant gravement « les dernières images des Mohaves, des Zunis, des Supias et des Apaches ».

 

In the bad lands Edward S. Curtis In the bad lands  - détail (1904) In the bad lands Cette saisissante photo fut prise à Sheep Mountain, dans les Bad Lands de la réserve de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud. (E. S. Curtis)
Aire : Grandes Plaines  |  Tribu ou nation : Oglala
Année du dépôt de la photo : 1904  |  Volume III
Mots-clés :  paysage cavalier mise en scène cliché annoté
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Du début du siècle jusqu'à la Première Guerre mondiale, il profite du pic d'intérêt manifesté par l'opinion publique à l'égard des Indiens. Les portraits photographiques les figurant sont alors recherchés des collectionneurs.
Ses premières expositions organisées sur la côte Est, à New York, en 1905 rencontrent un véritable succès et il est remarqué par le président Roosevelt. Cet appui prestigieux, mis en avant dans ses ouvrages, lui permet d’obtenir en 1906, le patronage de John Pierpont Morgan, l’un des banquiers les plus influents et les plus fortunés de New York. Pour un montant de 15 000 $ par an pour une durée de cinq années, Curtis peut se lancer dans la réalisation de son projet en contrepartie de l’obligation de céder 25 exemplaires de la collection complète et 500 tirages originaux à J.P. Morgan.

Luzi Edward S. Curtis Luzi  (1907) Luzi Les femmes papago portent toujours leur fardeau sur la tête. Lorsque celui-ci - qu'il s'agisse d'un panier, d'une poterie ou d'une boîte - possède un fond plat ou arrondi, un cercle de yucca tressé est placé sur la tête pour procurer à la charge une assise ferme et pour soulager la porteuse. (E. S. Curtis)
Aire : Sud-Ouest  |  Tribu ou nation : Papago
Année du dépôt de la photo : 1907  |  Volume II
Mots-clés :  portrait féminin objet usuel cliché annoté
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Sous sa seule autorité, il constitue une équipe d’une quinzaine de personnes composée d’assistants de prises de vue, de sténographes et de traducteurs et se lance complètement dans son projet en évaluant la durée de réalisation à une dizaine d'années (prises de vue et publications comprises).

Mais dès 1907, sa recherche de contributeurs et de souscripteurs est sérieusement mise à mal par la panique bancaire américaine qui plonge le pays en récession. Il perd peu à peu le contrôle financier de son projet. La crise boursière et le rapide désintérêt du public sont responsables d’une partie de ses problèmes. Mais, pour une large part, la démesure de Curtis est aussi à considérer : l’importante équipe dédiée au projet grevait fortement le budget et les coûts de fabrication de la luxueuse collection d'héliogravures ont sévèrement impacté l'équilibre financier du projet.

 
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