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Les premiers daguerréotypes prenant les Amérindiens pour sujet sont contemporains de la conquête de l’Ouest débutée en 1840 et achevée en 1890 soit peu de temps avant les premières prises de vue du début du projet de Curtis.

Cette production présentait la plupart du temps des portraits, en pied ou de groupe, réalisés en studio ou lors d’expositions et de spectacles. Cette production effectuée par et pour des Occidentaux alimentait les fantasmes de ces derniers, fascinés par une culture radicalement différente ou bien révulsés par des mœurs jugées barbares et devant disparaître.

Oglala Girls Edward S. Curtis Oglala Girls  (1907) Oglala Girls Dans les tribus des Plaines, la coutume veut que les femmes soient des cavalières-nées, et leur adresse à cheval est presque équivalente à celle des hommes. Dans leur prime enfance, elles sont attachées sur le dos de montures fiables et s'habituent déjà ainsi aux longues journées de chevauchées. (E. S. Curtis)
Aire : Grandes Plaines  |  Tribu ou nation : Oglala
Année du dépôt de la photo : 1907  |  Volume III
Mots-clés :  portrait de groupe féminin cavalier cliché annoté
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By the river - Flathead Edward S. Curtis By the river - Flathead  (1910) By the river - Flathead Note : Une jeune fille au bord de la rivière, elle tient dans sa main droite une corne de bison dont elle se sert comme gobelet.
Aire : Plateau  |  Tribu ou nation : Flathead
Année du dépôt de la photo : 1910  |  Volume VII
Mots-clés :  paysage mise en scène
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La réalité était toute autre : la plupart des Indiens approchés portaient déjà les marques d’une occidentalisation (par les vêtements portés, l’utilisation d’objets, etc.). Il convient de rappeler d’ailleurs que la culture du cheval si importante chez les Indiens des Grandes Plaines était déjà en soi la marque de l’intervention des Blancs – les colons espagnols – sur les peuples indigènes. L’Amérindien d’avant, celui qui ne portait aucune trace d’altération de son mode de vie au contact des Occidentaux avait disparu depuis longtemps.

Quand bien même, les photographes de l’époque ne s’embarrassaient pas avec la réalité qu’ils maquillaient sans état d’âme au profit d’une recherche de pittoresque ou, à l’opposé, d’un vrai travail de propagande justifiant la brutalité de la répression infligée aux Indiens.



Soucieux de composer un tableau fidèle à sa vision romantique et pastorale, Curtis n’échappe pas à cette tentation de la mise en scène, de la retouche, n’hésitant pas à payer fréquemment pour obtenir la pose des sujets ou à utiliser divers accessoires rapportés ou perruques pour corriger et masquer les traces visibles d'occidentalisation des Indiens portraiturés.

… Et, surtout, aucune de ces images ne comporterait quoi que ce fût qui présagerait la civilisation, que ce soit un détail vestimentaire, le paysage ou un objet sur le sol. Ces portraits devraient être des transcriptions pour les générations futures, afin qu’elles puissent voir l’Indien de façon aussi réaliste que possible, tel qu’il vivait avant de voir un Visage pâle… (E. S. Curtis)

 
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