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1914-1918

Ici et là-bas

La presse : propagande et censure

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Propagande et censure

La Première Guerre mondiale est une guerre d'un genre nouveau : elle est totale, c'est-à-dire que l'ensemble de la société est mobilisé, d'une façon ou d'une autre.

La première loi de censure, votée dès le 5 août 1914, est acceptée par la presse, dans l'esprit de l'Union sacrée proclamée par Poincaré le 4 août 1914. La propagande et la censure jouent alors un rôle primordial pour légitimer le conflit. L'Union sacrée sera concrétisée officiellement le 26 août 1914 lors de la mise en place d'un gouvernement élargi. Ainsi tous les journaux se rangent derrière l'État dans le but de faire croire à une victoire imminente. Les informations diffusées ne doivent pas faire baisser le moral des soldats ni même celui du peuple.

« […] D'après les dernières nouvelles reçues, tout irait bien mais il faut penser au grand nombre de pauvres malheureux qui vont encore tomber dans cet enfer. […] »
Édouard le 1er juillet 1916

La presse se développe depuis la fin du XIXe siècle, il existe de nombreux journaux d'obédiences diverses, mais leur discours en temps de guerre est placé sous l'influence de l'État. La propagande apparaît en même temps que la censure. Les quotidiens Le Petit Parisien, de même que Le Matin et Le Petit Journal entre autres semblent pratiquer l'autocensure. Ces journaux sont les plus lus en France, le Petit Parisien atteint dès 1900 le million d'exemplaires par jour. En 1916, il atteint deux millions d'exemplaires pour dépasser les trois millions à la fin de la guerre.

Le propriétaire du Petit Parisien, Jean Dupuy a également fondé l'hebdomadaire Le Miroir. Ce journal, très novateur, a la particularité d'être entièrement illustré ; des concours de photos sont organisés. Ainsi les images diffusées donnent à voir le spectacle de la guerre non pas dans le but d'informer mais plutôt de justifier le conflit et de recueillir l'adhésion de tous. Pendant la guerre, Le Miroir sera distribué à plus d'un million d'exemplaires.
Dans le même esprit, l'hebdomadaire l'Illustration se range derrière les intérêts du pouvoir en place. Il innove par le fait d'envoyer des journalistes-reporters au cœur de l'action. Ce journal sera le seul à traiter le sujet des mutineries de 1917, mais ne dénonçant que les rébellions du côté russe.

À partir de 1917, le contexte international, auquel s'ajoute la lassitude de la guerre, mène une partie de la population tant civile que militaire à douter. L'Union sacrée se dégrade peu à peu. Pierre Brizon, député socialiste qui avait participé à la deuxième conférence internationale pour la paix en Suisse en avril 1916, refuse avec deux autres députés socialistes, de voter les crédits de guerre. En 1918 il fonde La Vague, hebdomadaire engagé, socialiste et féministe dont les articles sont régulièrement censurés.

« Discuter de la guerre avec un journal et assister aux attaques qui viennent de se dérouler, il y a cent pour cent de différence.  »
Adolphe à sa sœur, le 5 juin 1917

« […] je suis certain que si ceux qui écrivent sur les journaux et qui font voir tout en rose à ceux de l'arrière, qui ne voient rien, étaient obligés de passer quelques jours face aux boches, à 150 m d'eux, ils demanderaient la Paix bien vite. »
Édouard, le 3 août 1916

L'emprunt national vu par le "Petit Parisien"

La guerre s'éternisant, l'État est amené à adapter l'économie en fonction des nécessités liées à celle-ci. Il veille à l'industrialisation de l'armement et à combler la pénurie de main d'œuvre.
Les dépenses allant toujours augmentant, l'État doit trouver de nouveaux financements : pour cela il aura recours à quatre « emprunts de la Défense nationale » (novembre 1915, octobre 1916, 1917 et 1918) où l'on fait appel à l'épargne de la population. L'Allemagne a eu aussi recours à l'emprunt.

« Avant-hier j'ai reçu tout un tas de papiers m'invitant à souscrire à l'Emprunt National. Sans doute que vous en avez entendu parler. Ce n'est pas que cela me convient de verser de l'argent pour continuer à faire la guerre, mais étant employé de l'État, nous y sommes un peu forcés. Hier j'ai donc écrit à Albertine en lui expliquant ce qu'elle devra faire. […] Dans tous les cas, je lui dis de souscrire le moins qu'elle pourra car nous ne sommes pas des capitalistes. »
Édouard, le 5 décembre 1915

En novembre et décembre 1915, le Petit Parisien publie plusieurs articles par jour au sujet de l'emprunt national.

 
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