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1914-1918

Ici et là-bas

Des hommes et des armes

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Une guerre de masse

La population française atteint à peine les 40 millions d'habitants pendant la guerre, huit millions d'hommes sont mobilisés sur cette période en France, 14 millions en Allemagne. On considère que 900 Français et 1300 Allemands meurent chaque jour sur le champ de bataille. 300 000 Français sont morts en 1916 à Verdun.

 

Une guerre de matériel

La France était peu préparée à la guerre, elle avait prévu 5 millions d'obus pour une guerre éclair, elle s'est trouvée en rupture au bout d'une semaine. La guerre s'est vite enlisée dans une guerre de position. La production d'outils de destruction devient alors au cours du conflit une surenchère industrielle. De nouvelles armes apparaissent (chars, aviation, submersibles,…)

La France comptait sur son artillerie et le canon de 75, mais cela reste de l'artillerie légère comparé à l'armement de l'Allemagne. Cette dernière possédait pour la seule bataille de Verdun 1 million d'obus, tandis que la France n'en avait que 15 000 en réserve.

« […] le découragement est au dernier degré. Je ne peux pas vous dire tout ce que j'entends dire et tout ce que je pense. Depuis deux ans que nous sommes en guerre et voir que notre artillerie ne peut pas répondre à celle des boches, c'est vraiment décourageant. Ce n'est pourtant pas ce que les journaux disent. »
Édouard le 3 août 1916

« Nous avons toujours les boches devant nous. Mais cependant tout le monde croit qu'ils ne sont pas beaucoup ici mais ils ont beaucoup de mitrailleuses. »
Édouard, le 29 mai 1915

« [les boches ] nous ont envoyé une rafale d'obus qui nous ont coûté la mort de deux hommes et de plusieurs blessés. Nous sommes ici pour six jours et j'espère que cela se passera pour le mieux ; cependant, c'est demain le 14 juillet et je crois bien qu'ils vont nous faire fêter la Fête Nationale. »
Édouard, le 13 juillet 1915

 

« Nous venons d'y passer 10 jours de tranchées et nous avons eu des pertes énormes sans attaquer car on est écrasé par les marmites jours et nuits. »
Adolphe, le 2 mars 1916

Parmi les innovations technologiques, les gaz asphyxiants sont utilisés pour la première fois à Ypres en 1915 par les Allemands.

« […] Il paraît que les instruments pour lancer les gaz asphyxiants sont prêts aussi nous nous tenons sur nos gardes. Nous sommes assez bien munis d'appareils contre les gaz et je crois que si nous ne sommes pas surpris, nous aurons [sic] pas à en souffrir. »
Édouard le 11 mars 1916

« Dans notre secteur, l'artillerie bombarde beaucoup mais les boches ne répondent pas beaucoup. Nous avons même envoyé des gaz asphyxiants mais nous ne savons pas l'effet produit. »
Édouard le 1er juillet 1916

Les soldats vivent l'enfer au quotidien dans les tranchées. Néanmoins, la population, au front comme à l'arrière consent aux conditions de la guerre. Malgré l'esprit patriotique d'Union sacrée, certains soldats n'hésiteront pas à se mutiler ou à fuir.

« […] aurons-nous beaucoup de courage […] pour chasser ces maudits allemands de notre belle France, qui ont osé si injustement violer notre sol national et qui font tant verser de pleurs et souffrir tant de pauvres gens innocents. Et tout ceci pour un mauvais monarque absolu. Espérons que nous aurons la victoire. […]
Édouard, le 6 janvier 1915

« En ce moment on nous fait faire des abris blindés. […] C'est un travail qu'on ne ferait pas faire à un condamné aux travaux forcés. C'est abominable. Je crois qu'ils font tout ce qu'ils peuvent pour faire révolter les soldats, et encore ils ne peuvent pas réussir. »
Édouard, le 20 août 1915

 

Poser les armes ?

« L'on parle que les boches sont malheureux. Cela, je n'en sais rien mais je vous assure qu'ils ne sont pas trop maigres et qu'ils sont mieux habillés que nous. […] le jour de noël, que nous étions en première ligne, des ordres nous étaient venus de ne pas tirer sauf si nous étions attaqués. Je ne sais pas si les boches avaient reçu les mêmes ordres, toujours est-il qu'ils n'ont pas tiré non plus. Le lendemain, nous ne tirions pas non plus, puis nous avons commencé par nous parler de tranchée à tranchée. Quelques-uns sont sortis, puis plusieurs. On s'est serré la main, même échangé des cigares et des cigarettes. Puis chacun est retourné chez soi. Ils nous disaient « nicht capout » ce qui veut dire « plus mort ». Ils disaient aussi « infanterie toujours camarade, mais artillerie boum boum ». […] Je crois qu'ils sont sortis des tranchées sur beaucoup de points de la ligne car nous savons à peu près tous les régiments que nous avons en face de nous. »
Édouard, le 28 décembre 1915