Les salons constituent le temps médiatique incontournable pour dévoiler le potentiel créatif de la recherche automobile et ce depuis la fin du XIXe siècle, la première exposition en France se déroulant au Jardin des Tuileries en 1898.
Entre expérimentation et imaginaire, le salon est chargé de prédire l'avenir de l'automobile. La presse y décrit et analyse les contours d'une époque, les enjeux du marché comme les prouesses technologiques.
C'est avec un autocar de luxe aux lignes élégantes qu'Heuliez se fait remarquer au Grand Palais lors du premier salon automobile d'après-guerre en 1949. Par la suite, Heuliez, grâce aux travaux de son bureau d'études, la Division des Études automobiles, puis à ceux de ces centres de design, présente régulièrement des projets, maquettes, prototypes et concept-cars, dans les différents salons automobiles.

L'Atlantic – Stars & Stripes, premier concept-car de France Design

En 1978, la Division des Études automobiles d'Heuliez déménage au Pin et devient le centre d'études et de recherches et bureau de style pour la firme. En 1985, elle change de dénomination et devient France Design Henri Heuliez. En 1986, France Design entre dans la course à l'expérimentation en présentant au Salon Automobile de Paris son premier concept-car : Heuliez Atlantic – Stars & Stripes (maquette sur roues ne possédant ni mécanique ni direction).

Vue de détail de l'Atlantic "Stars & Stripes". Voir la notice de l'Atlantic "Stars & Stripes" (nouvel onglet)

L'objectif est de sortir des lignes conventionnelles pour séduire un public jeune par une approche ludique et sportive du concept automobile. France Design propose ainsi aux constructeurs automobiles des produits dérivés de la série qui leur manquent et permettant au public, en particulier jeune, de s'identifier à tel ou tel produit phare. Le coupé Atlantic est une proposition élégante et séduisante de coupé deux places susceptible d'être réalisé sur une base de voiture de gamme moyenne inférieure. En fait, sans le dire explicitement, c'est à la Peugeot 205 que les stylistes de France Design ont songé, puisqu'ils ont donné au coupé Atlantic l'empattement de 2,42 m de ce véhicule de série. La clientèle visée est celle des jeunes qui rêvent d'une voiture de sport ludique et anti-conformiste mais qui ne peuvent se payer le luxe d'une Porsche ou d'une Alpine. L'accueil reçu par Atlantic est à la hauteur de l'attente du public, et le concept-car fait la Une du numéro spécial Salon de l'Auto-Journal. L'année suivante, en 1987, pour renouveler la proposition, le coupé Atlantic est transformé en spider par suppression du toit. Il est ensuite renommé "Stars & Stripes", et refait une tournée des salons européens sur le stand Heuliez. Il est enfin repeint en jaune et badgé à l'image de Renault pour représenter le carrossier à l'inauguration d'un site de style installé à Colombes en 1990.

La Raffica, premier concept-car d'Heuliez Torino

Vue de détail de la Raffica. Voir la notice de cet objet (nouvel onglet)

À partir de 1990, dans le cadre de son développement international, France Design crée un nouveau centre de style : Heuliez Torino implanté à Turin, capitale du style automobile, et dirigé par Marc Deschamps à l'origine du style de nombreuses carrosseries de véhicules de grande série essentiellement pour Citroën. Avec son équipe, il dévoile le concept-car Raffica (Rafale en italien) étudié et réalisé en moins de deux mois pour une présentation au Salon de Paris en octobre 1992 démontrant sa capacité à répondre avec rapidité et innovation à une commande. Cette maquette de salon sans mécanique ni direction est présentée sous une flamboyante couleur orange et possède un bel intérieur en cuir gris. Elle sert surtout à démontrer le principe du toit escamotable, qui permet en quelques secondes de passer d'un élégant coupé à un cabriolet, par simple escamotage du toit rigide dans le coffre.
Le spider Raffica réapparaît au Salon de Genève de 1993 avec un changement de couleur (bleu Heuliez) et un avant raccourci. Les recherches se poursuivent quant au principe d'escamotage du toit, ce dernier est scindé en deux éléments articulés avec la lunette arrière venant se loger derrière les sièges avant. Témoignage de la création du concept moderne de coupé-cabriolet par le carrossier Heuliez, Raffica préfigure la présentation en 1998 du concept-car 20cœur, réalisé par Heuliez en vue d'annoncer la commercialisation prochaine de la Peugeot 206 CC.

Le Scarabée d'Or, maquette d'étude pour Citroën

Au salon de Genève en mars 1990, Heuliez présente un concept-car, le Citroën Scarabée d'Or. Ce prototype est une maquette d'étude supposée recevoir une mécanique de BX GTI 4x4. Reprenant le nom d'une des autochenilles de la Croisière Noire Citroën en 1922 et s'inspirant de l'image d'aventure, de liberté et de voyage véhiculée par des expéditions africaines des années 1920, le Scarabée d'Or 1990 propose un micro 4x4 à habitabilité modulable. En version de base, sa carrosserie découverte se décline en deux places de front, mais un coffre arrière peut se déployer, qui offre deux autres places d'appoint. Ouvert sur la nature, ses flancs ajourés permettent d'appréhender le terrain tout en servant de protections latérales. L'intérieur est très soigné, les sièges recevant des couvre-sièges brodés aux symboles d'Heuliez (la carriole) et du scarabée ailé (symbole du soleil levant dans la religion des anciens Égyptiens).

Pour l'anecdote, lors de sa présentation au Salon de Genève, le producteur Eddy Barclay tombe amoureux de l'engin et signe un chèque, en blanc évidemment, pour tenter de s'en porter acquéreur mais en vain, Heuliez se refusant à motoriser l'engin sans l'accord du constructeur, qui ne vint jamais !

Le Scarabée d'Or reste toutefois emblématique de l'incroyable créativité du bureau d'étude Heuliez.

La Peugeot 407 Macarena, dernier prototype de France Design

Dessin d'architecture de la Peugeot 407 "Macarena". Voir la notice de la 407 "Macarena" (nouvel onglet)

Jusqu'en 2005, aucun constructeur au monde ne s'est aventuré à imaginer adapter le principe du toit rigide escamotable à une berline quatre portes. Avec le phaéton Peugeot 407 Macarena, Heuliez est le premier constructeur au monde à proposer une berline à toit rigide escamotable, transformable en cabriolet intégral, qui de surcroît présente l'innovation ultime d'être intégralement vitrée en position fermée. Lors de l'ouverture du toit, la voûte vitrée de la Macarena se scinde en trois panneaux distincts qui glissent vers l'arrière en se superposant sur la lunette arrière avant de basculer dans les profondeurs du coffre. Les deux arches longitudinales de toit se plient alors sur elles-mêmes vers l'intérieur, avant de s'escamoter perpendiculairement dans le coffre. En position fermée, chaque panneau vitré du toit peut se comporter comme un toit ouvrant classique. En position ouverte, aucun obstacle ne s'offre au regard périphérique des passagers de ce véhicule de grand luxe. C'est cette cinématique complexe rappelant la gestuelle dansée sur un succès planétaire qui aurait donné son « petit nom » à la Macarena lors d'une séance d'essai. Enfin, pour assurer une parfaite rigidité de la plate-forme, celle-ci est renforcée dans les soubassements, et reçoit une paroi derrière les sièges avant.

Profitant de cette paroi, habillée de bois et de cuir beige clair, un aménagement luxueux permet de disposer de la climatisation, d'un ordinateur de bord et de deux écrans plasma pour le bien être des passagers.
Présentée sur le stand du carrossier en mars 2006 au Salon de Genève, la Macarena suscite une déferlante d'éloges de la part de la presse et du public. Les propos des magazines automobiles sont dithyrambiques sur l'audace de ce concept-car, qui malheureusement ne voit pas le jour car trop cher.