Introduction

Et de cette fenêtre ouverte sur un champ intérieur, comme les peintres du Quattrocento qui cherchent à adapter la perspective « mathématique » au paysage, Monique Tello fait apparaître le chemin, une plage claire qui porte l'œil du premier plan vers l'horizon, alors même qu'elle s'abstrait des codes de la perspective classique. Comme Piero della Francesca, c'est par la force des contrastes de valeur qu'elle conduit le regard. Elle ne creuse pas la perspective ; elle creuse l'espace par la couleur et la lumière. Elle travaille à la surface de la toile, par superposition, juxtaposition, chevauchement de motifs, de matière. Elle pose la couleur en pochoir, feuille de fatsia japonica en plein ou en vide, répétition de la forme et variation infinie de la palette. Une silhouette d'arbre borde parfois le chemin, ou est-ce l'idée d'un arbre ?

Monique Tello a déjà exposé au musée Sainte-Croix, en 1986 aux côtés de Jean-Pierre Pincemin, et en 1992. Trois de ses œuvres sont entrées dans les collections municipales en 1997. Montrer son travail récent, peintures, dessins et gravures, dans un espace largement ouvert où elle a conçu elle-même l'accrochage, permet d'appréhender la force de sa démarche : fidèle à ce qui l'inspire depuis près de trente ans, elle explore sa propre voie de la création picturale, détachée de la problématique abstraction/figuration. Elle poursuit sa quête auprès des Primitifs, elle trace son chemin…

Cette exposition à Poitiers, en « grand format », impose son œuvre comme une évidence : loin de toute séduction, simplement sincère, forcément puissante. Un nouveau rendez-vous avec le public, une rencontre en chemin, singulière !