Rouillé, un cimetière mérovingien oublié

L’ensemble funéraire du Champ du Chiron

En 1863, un agriculteur de Rouillé, sur la commune de Chef-Boutonne (Deux-Sèvres), décida d'accélérer la croissance d’une plante fourragère, le sainfoin, à l'aide de plâtre déversé sur un de ses champs dit " Le Chiron de l'Ardoise ".
« Ce champ fait partie d’une vaste plaine qui, du nord au sud, descend du bourg de Villemain vers un petit ruisseau nommé le Marchais-de-Guidiers ; puis de l’autre côté de ce cours d’eau, à l’ouest, est le village de Guidiers… »*

Les jours qui suivirent, « Dans la partie sud, il fut étonné de voir que l’herbe poussait avec une vigueur toute particulière, non pas uniformément, mais dans des espaces formant comme des parallélogrammes allongés, ayant une vague ressemblance avec les fosses d’un cimetière. »* Le propriétaire du champ, après avoir fait procéder à une première série d’excavations ayant révélé un cercueil de pierre fit appel à un historien local nommé Henri Beauchet-Filleau. Celui-ci vint étudier et fouiller le site qui comprenait en tout 27 tombes. Trois sépultures étaient en sarcophages, les autres constituées de caissons de pierres fermés de couvercles de bois ayant disparu au moment des fouilles. Onze sépultures ne contenaient que des ossements.

Outre des tessons de verre et des débris de céramique qui ne sont pas parvenus dans les collections du musée de Thouars, un mobilier métallique constitué pour l’essentiel d’éléments de boucles et de fibules a été retrouvé dans plusieurs tombes et une part importante a intégré les collections du musée de Thouars par l'intermédiaire de la Société des Antiquaires de l'Ouest peu de temps après la découverte.
M. Beauchet-Filleau fit paraître le récit de cette découverte en 1864 dans le Tome XXIX des mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest.

Bien que complète pour l’époque la relation des fouilles que dresse monsieur Beauchet-Filleau, et qui sert de base à ce dossier pour la description des circonstances des fouilles, dans les mémoires de la Société Archéologique de l’Ouest ne nous permet que des suppositions sur l’emplacement des objets dans les tombes et sur la disposition des corps. Cet ensemble recouvre du matériel archéologique qui peut être daté entre la fin du Ve s et le VIIe s. Son intérêt réside dans la présence de tombes avec armement et un mobilier métallique de type « aquitain ».

passe-courroies retrouvés dans les sépultures du Champ du Chiron
Planche 13 du relevé publié en 1864 dans le bulletin de la société des antiquaires de l´ouest Planche 14 du relevé publié en 1864 dans le bulletin de la société des antiquaires de l´ouest

Ci dessus reproductions des planches parues dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest. Les objets issus des fouilles, finement représentés (planche du haut), sont publiés aux côtés d'illustrations représentant des éléments des sites de fouille du Chiron ainsi que des objets de comparaison issus d'autres contextes (planche du bas).

*Henri Beauchet-Filleau. Mémoires de la Société Archéologique de l’Ouest. 1864. Tome 29. Pp 255-274 Notice sur des sépultures antiques et mérovingiennes.