Le portrait dit « d'un trésorier »

Sur le tableau conservé à Poitiers, le reçu porte, sous la date, un gribouillis de lecture difficile. Le texte reproduit au-dessus est si parfaitement lisible que l'on pourrait imaginer la signature volontairement dissimulée de l'auteur du tableau. Les tentatives pour une lecture sérieuse ont été infructueuses.

La situation de tenancier de l'hôtel de France est une position sociale confortable. Les pièces d'or qui ornent le premier plan du tableau en sont une expression délibérée. Marguerite Isaac, sa fille, possède à sa mort quelques objets d'argent, des rentes et dispose d'un logis convenable à l'hôtel de France pour lequel elle acquitte un loyer.

Il est impossible de préciser les liens entre Nicolas Levasseur, le tenancier de l'hôtel de France, les sœurs Marie et Marguerite Isaac et le peintre Louis Levasseur ou encore Louis Antoine Levasseur, le maître tapissier.
Toutefois une indication supplémentaire peut être donnée, Simon Louis Brulart, seigneur de Beaubourg, signe en 1740 un bail à Louis Antoine Levasseur, le tapissier, lui allouant à loyer et prix d'argent deux maisons rue Dufour. Or Simon Louis est le fils de Denis Noël Brulart, lui-même fils de Noël comte du Rouvre, ce dernier étant l'hôte qui est mort en 1694 à l'hôtel de France dont le tenancier était alors Gilles Isaac.

Il est possible d'affirmer que le tableau représente Gilles Isaac, tenancier en 1693-1694 de l'hôtel de France rue des Grands-Augustins. L'attribution au peintre Louis Levasseur n'est pas prouvée, bien qu'un certain nombre de présomptions permettent de la proposer. On ne connaît aucune œuvre attestée de cet artiste, qui, selon les actes notariés, peignait aussi bien des fleurs que des tableaux religieux ou des portraits, et qui avait probablement des liens familiaux avec Gilles Isaac. Cette attribution est fondée sur l'homonymie entre le gendre de Gilles Isaac, Nicolas Levasseur, son successeur à l'hôtel de France, et un peintre actif dans le même quartier. Ce n'est donc qu'une hypothèse.
Notons cependant qu'autour de ce peintre vivaient et prospéraient, à cette époque, un grand nombre d'artisans peintres ou maîtres peintres dont nous ne savons rien.