église de Saint-Benoît
Dans la très proche banlieue de Poitiers, se niche, au confluent du Miosson et du Clain, l'ancienne abbaye bénédictine de Saint-Benoît. Elle aurait été fondée au VIIe siècle par saint Achard avec des moines venus de l'abbaye normande de Jumièges. Ruinée par les invasions normandes, elle fut restaurée au début du XIe siècle. Elle présente une simplicité et une austérité exceptionnelles dans la région si on excepte les églises des abbayes cisterciennes de l'étoile à Archigny et du Pin à Béruges, malheureusement toutes deux très ruinées suite à leur reconversion en bâtiments agricoles. L'ordre cistercien doit son nom à l'abbaye de Cîteaux, fondée par Robert de Molesme en 1098, et son rayonnement spirituel à saint Bernard (1090-1153), abbé de Clairvaux, qui prônait pauvreté, solitude, austérité.
La façade est rythmée par des contreforts verticaux et des bandeaux horizontaux qui surmontent les ouvertures. Deux arcatures aveugles encadrent un portail à voussures en plein-cintre sous une fenêtre également en plein-cintre. Le décor est constitué par la géométrie de l'appareil réticulé au-dessus des ouvertures, celui des billettes et des damiers autour des arcs. De cette grande simplicité, se détachent les chapiteaux des colonnettes sculptées de rinceaux, d'une gazelle et d'une tête d'homme sur un corps de coq. On observe la même sobriété sur les murs sud, nord et au chevet. Le clocher s'élève à la croisée du transept ; il a reçu, au XIVe siècle, une balustrade cantonnée de clochetons et une élégante flèche octogonale éclairée par quatre lucarnes aux galbes élancés.
Le plan de l'église est caractéristique des églises de taille moyenne dans la région, en croix latine avec une nef sans collatéraux, un transept à absidioles et un chœur en hémicycle. L'église a reçu des voûtes en plein-cintre ou en berceau légèrement brisé, y compris sur la croisée du transept qui ne possède pas de coupole à l'inverse de ce qui se faisait en général en Poitou. Le décor est encore plus sobre qu'à l'extérieur, formé par les arcatures adossées aux murs gouttereaux pour soulager la pression des voûtes. Les arcs reposent sur les impostes ornées de dents de scies et de dents de loups des pilastres. On distingue par endroits les traces d'une peinture murale réalisée à l'époque gothique.
Les bâtiments conventuels se développaient entre l'église et les rives du
Miosson, au sud. Il ne reste que le bâtiment est qui comprend l'ancienne sacristie, la
salle capitulaire et, à l'étage, le dortoir. Ici, le décor est luxuriant.
La porte en arc brisé et les baies géminées en plein-cintre sont doublées
d'une arcature. Elles donnaient jour à la salle capitulaire ouverte sur le cloître.
Les chapiteaux sont soigneusement sculptés,
on peut y reconnaître de larges feuillages, des oiseaux qui picorent ou qui se mêlent à des lions, un
personnage maîtrisant deux lions avec une corde, des scènes
de l'enfance du Christ, une Visitation de la Vierge. Les tailloirs et les bases
des colonnes ont reçu un décor géométrique. à l'étage, le dortoir, couvert
d'une charpente plus récente, est éclairé par une série de baies
romanes en plein-cintre ouvrant sur le cloître.
Depuis les dernières restaurations, cet ensemble est devenu un centre artistique où
sont organisés des concerts et des expositions.
Non loin de là, le monastère Sainte-Croix est installé depuis 1965 au lieu-dit « La Cossonière ». Il accueille des religieuses bénédictines. Fondé vers 552 à Poitiers par la Reine Radegonde, le monastère Sainte-Croix a été un haut lieu du monachisme en Poitou et le premier monastère féminin fondé en Gaule. Il possède encore des objets exceptionnels dont un petit meuble mérovingien en bois sculpté dit "pupitre" qui aurait appartenu à Sainte Radegonde, une pièce de la plus haute importance pour la connaissance de l'histoire de l'art et du christianisme.