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Vue de l'église de Nouaillé-Maupertuis Longitude : 0.41389
Latitude : 46.51056
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église de Nouaillé-Maupertuis

Nouaillé-Maupertuis, à quelques kilomètres de Poitiers, était le siège d'une abbaye bénédictine qui s'est constituée autour de moines de Saint-Hilaire de Poitiers, venus se réfugier dans le calme de la petite vallée du Miosson, vers 690.

Malgré sa situation écartée, le site a été ravagé à plusieurs reprises : les invasions normandes, la guerre de Cent Ans, les guerres de Religion. Il a subi les épreuves qui ont suivi la Révolution française. Un épisode particulièrement célèbre est la fameuse bataille de Poitiers, en 1356, qui vit la défaite de Jean II le Bon contre le prince Noir. Au XVe siècle, l'abbaye a reçu une enceinte fortifiée qui lui donne une silhouette particulière.

L'église, devenue paroissiale lorsque les moines eurent quitté le monastère, présente un grand intérêt architectural : on y trouve des éléments qui vont du VIIIe siècle au XVIIe siècle, de l'époque carolingienne à l'époque classique. Conçue comme un édifice imposant dès l'époque carolingienne, elle a, au fil du temps, été mise au goût du jour sur les structures préexistantes. Du premier établissement monastique, il a été retrouvé un pavage en terre cuite aux motifs imprimés avec des poinçons en bois gravés.

Des plaques gravées d'entrelacs, insérées dans les murs de la crypte, datent de la même époque.

Au musée de Poitiers, un décor exceptionnel de stucs, provenant de Vouneuil-sous-Biard, permet d'imaginer la qualité des ornements de certains édifices mérovingiens.

 

Détail d'une tête en stuc
 

Au début du IXe siècle, l'abbé Godelin a fait construire une nouvelle église qui a été dotée d'une crypte pour recevoir le tombeau de saint Junien, fondateur du monastère poitevin de Mairé-Lévescault. La translation des reliques s'est déroulée en 830. Cette crypteVue de la crypte de l'église, aménagée sous le chœur de l'église, en reprend probablement le plan. Elle possède un chevet plat où s'inscrivent l'abside en hémicycle et les absidioles, séparées par deux petites salles rectangulaires qui s'apparentent aux secretaria que l'on trouve dans les basiliques orientales. Le sarcophage carolingiensarcophage carolingien de saint Junien est, aujourd'hui, présenté au fond du chœur de l'église. Il conserve un décor peint exceptionnel, inspiré de tissus orientaux représentant des aigles dans trois médaillons perlés.

Entre 1014 et 1017, l'abbé Constantin aurait entrepris d'importantes restaurations et réédifié une nef charpentée et à murs minces alors que, dans le même temps, des édifices prestigieux, comme les abbatiales de Charroux ou Maillezais, optaient pour des voûtes en pierre. Le plan de l'église présente une nef de quatre travées à peu près carrées et un transept, l'un des premiers en Poitou. Sur le mur nordLes différents niveau d'arcade du mur nord à l'extérieur, les deux premiers niveaux d'arcatures remontent au temps de l'abbé Constantin : une première série d'arcades en plein-cintre est surmontée de petites arcatures à pilastres ou à colonnettes portant des chapiteaux légèrement épannelés. Le mur, préservé lors de la pose des voûtes, a été renforcé par l'ajout de hautes arcades en arc brisé reposant sur d'épais contreforts qui laissent lisible la structure antérieure. Le transept et le chœur ont été refaits au XVIIe siècle et ont reçu des voûtes de type gothiqueVue des voûtes du transept à liernes et tiercerons, mais on peut voir, encore en place au nord du transept, un tailloir sculpté d'entrelacs.

Au XIIe siècle, la nef de l'église a été voûtée en pierreVue de la nef depuis le chœur. Pour cela, elle a été divisée en trois par deux séries de colonnes quadrilobées soutenant des arcs brisés. La partie centrale de la nef a reçu une voûte en berceau brisé à doubleaux et les collatéraux des voûtes en plein-cintre. Pour assurer la stabilité des voûtes, des arcs en quart de cercleVue du collatéral sud ont été placés dans les collatéraux, à mi-hauteur entre les colonnes et le mur gouttereau. Ce système reprend celui qui avait été adopté à Saint-Hilaire de Poitiers. Les chapiteaux des colonnes de la nef sont ornés de motifs à feuilles simplesChapiteau à motifs floraux ; ceux des colonnettes jumelées qui supportent les doubleaux présentent parfois des scènes historiées : chimèresChapiteau à décors de chimères, lions à queues évasées en feuillages, oiseaux buvant dans un calice, joueur de cor, moine donnant à boire à un maçon. Il reste quelques vestiges de peinture murale romaneVestige de fresque romane sur les piliers et sur les murs latéraux. On distingue un évêque et, peut-être, une représentation de saint Benoît.

Dans la seconde moitié du XIIe siècle, la façade occidentale a été masquée par l'aménagement d'un imposant clocher-porche, rémanence d'une tradition carolingienne. Les églises dotées de clochers-porches, en Poitou, sont des églises construites plus tôt, au cours du XIe siècle, comme Saint-Savin ou Saint-Porchaire de Poitiers. à Nouaillé, le clocher-porche est couvert d'une belle coupole sur trompesla coupole vue de l'intérieur à huit pans nervurés. Le sommet de la coupole est percé d'un oculusL'oculus et son décor. Quatre fenêtres hautes laissent passer une abondante lumière. Des tablettes triangulaires à la base des trompes sont soutenues par des modillons sculptés de têtes vigoureusesTête animale. Les deux collatéraux du clocher-porche sont voûtés en demi-berceau et participe efficacement au soutien de la coupole. Les chapiteaux sont richement sculptés d'acanthesChapiteau sculpté d'acanthe ou de scènes historiées traitées avec fantaisie : une femme fait des figures acrobatiques ; un moine, sous son capuchon,Chapiteau figurant un moine encerclé est encerclé par un homme qui lui sert à boire et à manger, un autre qui le menace de son épée à laquelle pend une tête coupée et qui, en même temps, s'empare de l'outre d'un troisième personnage ; d'autres moines soufflent dans un cor ; des monstres ; des bûcheronsChapiteau figurant des bûcherons ; des lutteursChapiteau figurant des lutteurs.

Chapiteau figurant des lutteurs Chapiteau de la dispute

Ce dernier chapiteau n'est pas sans évoquer le célèbre chapiteau de la Dispute conservé au musée Sainte-Croix et qui provient de l'église Saint-Hilaire de Poitiers.

 

Enfin, des bâtiments conventuelsLes bâtiments conventuels au sud de l'église appartenant à l'âge roman, il subsiste l'aile ouest qui abrite une grande salle voûtée en berceau brisé et une cheminée cylindrique terminée par un couronnement coniqueCheminée d'époque romane qui émerge des toitures, non loin du clocher-porche.

 
 
Gravure de l'abbaye de Nouillé-MaupertuisLégende Nouaillé-Maupertuis, à quelques kilomètres de Poitiers, était le siège d'une abbaye bénédictine qui s'est constituée autour de moines de Saint-Hilaire de Poitiers, venus se réfugier dans le calme de la petite vallée du Miosson, vers 690.
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Dessin de Deverin figurant la façade nord et le clocher de l'église abattiale de Nouaillé-MaupertuisLégende L'église, devenue paroissiale lorsque les moines eurent quitté le monastère, présente un grand intérêt architectural : on y trouve des éléments qui vont du VIIIe siècle au XVIIe siècle, de l'époque carolingienne à l'époque classique...
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Vue du chevet de l'église de Nouaillé MaupertuisLégende Vue du chevet de l'église de Nouaillé Maupertuis
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Façade occidentale de l'église abattiale de Nouaillé-MaupertuisLégende Dans la seconde moitié du XIIe siècle, la façade occidentale a été masquée par l'aménagement d'un imposant clocher-porche, rémanence d'une tradition carolingienne. Les églises dotées de clochers-porches, en Poitou, sont des églises construites plus tôt, au cours du XIe siècle, comme Saint-Savin ou Saint-Porchaire de Poitiers.
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Nefvue depuis le chœur de l'église abattiale de Nouaillé-MaupertuisLégende Dans la seconde moitié du XIIe siècle, la façade occidentale a été masquée par l'aménagement d'un imposant clocher-porche, rémanence d'une tradition carolingienne. Les églises dotées de clochers-porches, en Poitou, sont des églises construites plus tôt, au cours du XIe siècle, comme Saint-Savin ou Saint-Porchaire de Poitiers.
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Vue de la coupole de l'égliseLégende à Nouaillé, le clocher-porche est couvert d'une belle coupole sur trompes à huit pans nervurés. Le sommet de la coupole est percé d'un oculus. Quatre fenêtres hautes laissent passer une abondante lumière. Des tablettes triangulaires à la base des trompes sont soutenues par des modillons sculptés de têtes vigoureuses...
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Détail de chapiteauxLégende ... scènes historiées traitées avec fantaisie : [...] un moine, sous son capuchon, est encerclé par un homme qui lui sert à boire et à manger, un autre qui le menace de son épée à laquelle pend une tête coupée et qui, en même temps, s'empare de l'outre d'un troisième personnage...
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