Notre-Dame de Lencloître
Notre-Dame de Lencloître est l'ancienne église d'un prieuré fontevriste érigé dans la vallée de l'Envigne, entre 1106 et 1109, sur une terre donnée par le vicomte de Châtellerault, Aimery. L'ordre de Fontevrault, fondé par Robert d'Arbrissel (vers 1047-vers 1117), accueillait des hommes et des femmes placés sous l'autorité de l'abbesse, selon la règle édictée par le fondateur. Toute nouvelle fondation dépendait directement de l'abbaye-mère et comprenait au moins un couvent de moines et un couvent de moniales ; de là vient le nom de Lencloître (les cloîtres) que reçut le bourg qui s'est développé auprès de ce prieuré et qui est devenu, au XIXe siècle, un chef-lieu de canton.
Au cours des siècles, l'église a subi peu de modifications à l'exception des deux tourelles édifiées en façade au XVe siècle. Cependant, elle est construite en tuffeau, un calcaire très tendre, qui résiste mal aux intempéries. L'église a donc subi une récente restauration qui lui a rendu sa blancheur et mis en valeur son architecture aux volumes équilibrés et son unité.
L'église Notre-Dame présente une silhouette élégante dominée par la tour du clocher, à deux niveaux, de la croisée du transept.
Les murs de l'abside orientale et des absidioles sont animés par des colonnes engagées. Sur l'abside, au-dessus des fenêtres en plein-cintre, une série de petits arcs repose en alternance sur des modillons et sur les colonnes. L'appui des fenêtres à colonnettes est appareillé en gradins, leurs cintres décorés de rinceaux.
Le mur nord de la nef est plus soigné que le mur sud qui donnait sur le cloître. Des cordons entourent les baies et s'étirent entre les contreforts. Ils sont ornés de palmettes et de rosaces. Une porte en plein-cintre a conservé un décor géométrique en meilleur état que celui du portail occidental : palmettes, pointes de diamants, tores, losanges, galons, perles… Ce type de décor est très fréquent dans le Châtelleraudais. Le mur nord, le transept et l'abside sont couronnés par une corniche à arcatures reposant sur des modillons sculptés.
L'église présente un plan classique en croix latine : nef à collatéraux, transept saillant à absidioles, croisée sur laquelle s'élève le clocher donnant sur un chœur profond terminé en abside. La voûte en berceau brisé de la nef est contrebutée par les voûtes d'arêtes des collatéraux. Ce type de construction, fréquent en Poitou, permettait de libérer les murs gouttereaux de la charge directe des voûtes et facilitait le percement des baies hautes augmentant ainsi l'apport de lumière.
L'apparition de la voûte en berceau brisé, mal datée, remonte peut-être à la fin du XIe siècle puisqu'elle a été employée à Parthenay-le-Vieux. Cette technique qui assure une pression verticale sur les supports constitue un net progrès sur la voûte en plein-cintre qui, elle, exerce des poussées latérales sur les murs et tend à les faire déverser.
La croisée du transept est couverte d'une coupole sur pendentifs, moins commune dans la région que les coupoles sur trompes. Les deux techniques étaient utilisées pour passer du plan carré de la croisée à la forme ronde de la coupole. Le pendentif adopte la forme d'un triangle inversé, tandis que la trompe est une petite voûte. à Lencloître, comme à Fontevrault, les pendentifs reposent sur des colonnettes. Les arcades de la nef sont portées par des faisceaux de huit colonnes dont les chapiteaux, parfois très restaurés, sont sculptés de feuilles lisses et plates, de lions et d'oiseaux, de monstres ou de dragons. Sur les piles de la croisée du transept, un cordon de gros boutons stylisés s'élève entre les colonnes.
Les peintures des murs et des chapiteaux du chœur sont l'œuvre d'une restauration au XIXe siècle.