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Vue de l'église Saint-Nicolas de Civray Longitude : 0.29639
Latitude : 46.14803
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église Saint-Nicolas de Civray

L'église Saint-Nicolas de Civray présente une façade exceptionnelle par la richesse et la qualité de son décor et de son programme iconographique. Construite probablement dans la seconde moitié du XIIe siècle, l'église présente un plan en croix latine avec une nef à collatéraux, un transept saillant sur lequel se greffent deux absidioles et un chœur profond formé d'une travée droite ouvrant sur l'abside. La tour-lanterneVue de la tour lanterne depuis le chevet qui s'élève sur la croisée du transept est octogonale et n'est pas sans rappeler la silhouette de celle de Charroux. Mal entretenue au XVIIIe siècle, l'église a subi plusieurs restaurations au cours du siècle suivant. Après son classement au titre des Monuments Historiques en 1840, la façade a été démontée, pierre par pierre, sous l'autorité de l'architecte Joly-Leterme, en 1843. Chaque pierre a été numérotée afin d'être remise en place. Malheureusement, ce démontage a provoqué l'effondrement de la première travée de la nef et il s'en est suivi d'importantes campagnes de consolidation de l'édifice.

La façade a les caractéristiques d'une façade-écran et dissimule le reste de la construction. Elle adopte la forme d'un vaste rectangle limité aux angles par des faisceaux de colonnettes, rythmé, verticalement, par trois travées d'arcatures et, horizontalement, par des corniches saillantes formées d'une succession de petits arcs reposant sur des modillons. L'ensemble est couronné d'un muret d'où émergent, aux extrémités, deux clochetons couverts en écailles ajoutés au XIXe siècle.
Au premier niveau, l'arcature centrale abrite le portail à quatre voussures historiées, reposant sur des colonnes ornées de chapiteaux sculptés.

Le programme iconographique des voussures contient un message spirituel. La première, bien qu'en mauvais état, permet de reconnaître un Christ bénissant dans une mandorleChrist dans une mandorle avec, de part et d'autre, les symboles des évangélistes (l'ange de Mathieu, le lion de Marc, l'aigle de Jean et le taureau de Luc) et des anges. La deuxièmeLe Christ entre deux vierges illustre la parabole des Vierges sages et des Vierges folles ; la troisième est consacrée à une Assomption de la ViergeAssomption de la Vierge entourée d'anges qui la portent et la fêtent. Enfin, la quatrième voussure représente le zodiaque associé au rythme des travaux des champs. Les mois de janvier et février, temps de repos de la terre, sont illustrés par deux hommes assis, l'un dans un fauteuilUn homme dans un fauteill, au dessus le symbole du Verseau et l'autre de face, ses bottes posées à côtéUn homme assis, déchaussé, au dessus le symbole des Poissons. Avec l'approche du printemps, les activités reprennent. En mars, la vigne est tailléeUn homme taille sa vigne, au dessus le symbole du Bélier et en avril, la terre est retournéeUn homme prés d'un arbre retourne la terre, au dessus, le signe du taureau. Pour le mois de mai, la scène est malheureusement dégradée, mais en juin, c'est la fenaisonUn homme fauche, à côté le signe du Cancer ; juillet est le temps des moissonsLe signe du Lion, à droite le reste d'une silhouette d'homme moissonnant, août, celui du battage du grainBattage du grain, à gauche le signe de la Vierge, septembre, des vendangesLes vendanges et en octobre, de la glandéeUn homme conduit ses cochons sous les chènes. Au mois de novembre, les bœufs sont à l'étableBoeufs mangeant dans leur auge et en décembre, une table paraît dressée pour un festinUn homme attablé prés à festoyer. Une moulure ornée d'entrelacs surmonte l'ensemble. Le tympan sculpté, orné d'un Christ en gloire entouré des symboles des évangélistes, est une œuvre de Pierre-Amédée Brouillet commandée par le curé de la paroisse en 1858.

Une profusion de décors à motifs géométriques très soignés, où s'insèrent quelques figures monstrueusesTête monstrueuse dévorante, orne les pieds droits, les arcs et voussures des arcatures latérales et secondaires, les impostes et les ressauts des murs entre les colonnes. Quelques scènes bibliques sont illustrées, parmi lesquelles on peut reconnaître «  Daniel dans la fosse aux lions »Daniel dans la fosse aux lions sur un chapiteaux de la grande arcature de gauche, « Jésus marchant sur le lac de Tibériade »Jésus marchant sur les eaux au-dessus d'un pied droit du portail, « Samson et Dalila »Dalila coupant les cheveux de Samson sur un chapiteaux (trés abîmé) de l'une des petites arcatures à droite de la façade. Plus haut, sur la voussure interne de la grande arcade de droite, « le combat de saint Georges contre le dragon »Saint Georges et le dragon se tient à proximité d'un personnage monstrueuxPersonnage grotesque (une hostie dans la bouche, il montre ses parties intimes). En parallèle, sur la grande arcade de gauche, quatre personnagesDeux spectateurs observent une scène de musique et de danse forment une scène qui rappelle les mystères : entre deux spectateurs, une femme danse au son d'un joueur de viole. Des scènes anecdotiques enrichissent l'ensemble : vendanges, moissons, combat, etc.

Dans l'écoinçon, entre l'arcature de gauche et celle du portail, il subsiste une scène de l'Annonciation très mutiléeScène d'annonciation ; à droite du portail, une scène de la Visitation devait faire pendant.
Au second niveau, les trois arcatures ont reçu chacune un programme iconographique différencié.

à gauche, prend place un cavalier monumentalReste d'une statue de cavalier malheureusement très endommagé.

 

église de Saint-Jouin-de-Marnes

Ce thème, propre à la région Poitou-Charentes, a donné lieu à de nombreuses interprétations : Constantin, Charlemagne, un seigneur local ou une réplique en pierre de la statue équestre en bronze (autrefois doré) de Marc-Aurèle au Capitole à Rome.

 

 

Lors de travaux effectués devant la façade de l'église, un buste d'homme a été dégagé qui pourrait être celui du cavalier. De part et d'autre, les chapiteaux des colonnettes sont ornés de masques de monstresMonstre diabolique avalant le fût de la colonne, de feuillages et d'une main (sur le chapiteau de la colonne de droite). La voussure principale présente, dans des médaillons, des anges aux ailes déployéesAnges musiciens jouant un concert à la gloire de Dieu. Ils ont tous des attitudes différentes et élégantes. La précision de la sculpture permet de reconnaître leurs différents instruments : viole, flûte de pan, clochette, flûte, vielle, olifant, tympanon, triangle, sistre…

à l'intérieur de l'arcade de droite, neuf statues sont distribuées en deux registres (4 et 5). Les quatre personnages du registre supérieur tiennent des livres ou des phylactères (prophètes ou évangélistes ?). Au-dessous, un seul des cinq personnages est identifiable grâce à une inscription : il s'agit de saint Nicolas, patron de l'église. Deux cariatides, une danseuseDanseuse et une musicienneJoueuse de vièle, remplacent les habituelles colonnettes de l'arcature. Quant à la voussure, elle est animée par un cortège de douze personnages aux attitudes variées qui, malgré leur nombre, ont été assimilés aux vieillards de l'ApocalypseUn des personnages du cortège.

L'arcature centrale du second niveau abrite une baie d'axe en plein-cintre, plutôt petite, mise en valeur par deux séries de voussures. La premièreVoussure à motifs a un caractère ornemental (palmettes, rinceaux), la seconde raconte l'histoire du combat des Vices et des VertusChevalier terrassant un monstre squelletique inspiré de la Psychomachie du poète latin et chrétien Prudence : des chevaliers aux boucliers effilés, dont certains sont marqués d'une croix, transpercent des monstres squelettiques. Les statues en ronde-bosse de saint Pierre et de saint Paul habillent les pieds droits de la fenêtre. Sur l'un des chapiteaux voisins paraît un buste de femme tenant deux disques ornés d'une croix : il s'agit vraisemblablement de l'église présentant l'EucharistieFemme présentant l'eucharistie.

Les artistes qui ont sculpté la corniche séparant les deux niveaux de la façade ont laissé libre cours à leur imagination : têtes animales et humaines toutes différentes, certaines grimaçantesMonstre-oiseau grimaçant, d'autres souriantesTête souriante...

... comme on en trouve des exemples dans les musées de la région à La Rochelle, Saintes, Niort, Poitiers...

 

Deux félinsTête de félinModillon d'acrobateTrois modillonsQuatre modillons
 

 

La multitude d'images qui orne la façade de l'église Saint-Nicolas de Civray rappelle aux fidèles qui se préparent à entrer dans le sanctuaire les grands messages chrétiens. à l'intérieur, le regard est attiré vers le chœur, où se célèbre le sacrifice, grâce à la lumière diffusée par la tour-lanterne de la croisée du transept. Les peintures murales dont Amédée Brouillet a couvert l'église en 1865 contribuent à donner à l'édifice une atmosphère très particulière : cortège de saints au transept ; Christ en GloireChrist en Gloire et Vierge en MajestéVierge en Majesté accompagnés des apôtres dans le chœur.

 
 
La façade de Saint-Nicolas de Civray, dessin de DeverinLégende L'église Saint-Nicolas de Civray présente une façade exceptionnelle par la richesse et la qualité de son décor et de son programme iconographique.
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Le chevet de Saint-Nicolas de Civray (détail)Légende ...un transept saillant sur lequel se greffent deux absidioles et un chœur profond formé d'une travée droite ouvrant sur l'abside.
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La façade occidentale de Saint-Nicolas de CivrayLégende La façade a les caractéristiques d'une façade-écran et dissimule le reste de la construction. Elle adopte la forme d'un vaste rectangle limité aux angles par des faisceaux de colonnettes, rythmé, verticalement, par trois travées d'arcatures et, horizontalement, par des corniches saillantes...
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La façade occidentale de Saint-Nicolas de Civray (détail)Légende ...neuf statues sont distribuées en deux registres (4 et 5). Les quatre personnages du registre supérieur tiennent des livres ou des phylactères (prophètes ou évangélistes ?)...
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Monstre siamoisLégende Chapiteau figurant deux monstres ailés accolés ensemble à une seule tête cornue
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Tête diaboliqueLégende De part et d'autre, les chapiteaux des colonnettes sont ornés de masques de monstres avalant le fût de la colonne...
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Chapiteau figurant une sirèneLégende Chapiteau figurant une sirène qui tire un singe par la queue
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Anges jouant de la musiqueLégende La voussure principale présente, dans des médaillons, des anges aux ailes déployées jouant un concert à la gloire de Dieu. Ils ont tous des attitudes différentes et élégantes. La précision de la sculpture permet de reconnaître leurs différents instruments : viole, flûte de pan, clochette, flûte, vielle, olifant, tympanon, triangle, sistre...
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Baie centraleLégende L'arcature centrale du second niveau abrite une baie d'axe en plein-cintre, plutôt petite, mise en valeur par deux séries de voussures...
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Détail d'un des chevaliers du combat des vices et des vertuesLégende des chevaliers aux boucliers effilés, dont certains sont marqués d'une croix, transpercent des monstres squelettiques...
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La lumière de la tour lanterne de Saint-Nicolas de CivrayLégende à l'intérieur, le regard est attiré vers le chœur, où se célèbre le sacrifice, grâce à la lumière diffusée par la tour-lanterne de la croisée du transept.
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La nef de Saint-Nicolas de CivrayLégende Les peintures murales dont Amédée Brouillet a couvert l'église en 1865 contribuent à donner à l'édifice une atmosphère très particulière...
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