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Vue de l'église de Civaux Longitude : 0.66389
Latitude : 46.44472
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église de Civaux

La vallée de la Vienne, aux environs de Civaux, est riche en vestiges archéologiques et historiques qui témoignent d'établissements humains à toutes les époques depuis le Paléolithique (environ 350 000 ans). à Civaux, c'est la présence d'une vaste nécropole mérovingienne — selon les légendes, une pluie de sarcophages aurait permis d'ensevelir les morts après la bataille, qui aurait eu lieu à Civaux (!), entre Clovis, roi des Francs, et Alaric, roi des Wisigoths, en 507 — qui a intrigué les historiens et assuré la renommée du lieu.

Relativement importante pendant l'Antiquité (artisanats, théâtre, sanctuaires), la ville est devenue le siège d'une viguerie à l'époque carolingienne avant de perdre progressivement son influence à partir de l'an mille.

Deux découvertes majeures caractérisent le site de Civaux. La première, fortuite, est une stèle funéraireStèle funéraire ornée d'un chrisme entre l'Alpha et l'Omega et gravée d'une inscription datée du IVe siècle : AETERNALIS ET SERVILLA VIVATIS IN DEO. Cette stèle est l'un des plus anciens témoignages de la présence d'une communauté chrétienne en Poitou. Elle est contemporaine de saint Hilaire, évêque de Poitiers (342-368) et de saint Martin, fondateur du monastère de Ligugé (360-370).

église de Saint-Jouin-de-Marnes

Saint Martin,
fondateur du monastère
de Ligugé (360-370)

 

La seconde est la mise au jour, lors de fouilles archéologiques dirigées par François Eygun en 1960, d'une piscine baptismaleLa piscine baptismale mérovingienne dont la présence en dehors du siège épiscopal est rarissime.

L'église de Civaux, élevée sur l'emplacement d'un ancien temple gallo-romain, a subi du VIIe au XIIe siècle plusieurs campagnes de construction qui ont exceptionnellement préservé des éléments anciens. Elle est dédiée à saint Gervais et à saint Protais dont le culte paraît s'être rapidement développé après la découverte de leurs reliques à Milan en 386.

Extérieur

La partie la plus ancienne de l'édifice appartient à l'époque mérovingienne. Il s'agit de l'abside heptagonaleAbside hexagonale construite avec un petit appareil cubique à joints épais, issu de la tradition romaine, associé à des blocs allongés, le toutLes deux types d'appareil de l'abside disposé en assises régulières. Les angles sont formés de pierres taillées à chaque assise. Les arcs en plein-cintreVue d'une fenêtre des trois fenêtres qui éclairent le chœur sont faits de minces claveaux extradossés d'un cordon de tuiles qui se prolonge en retour d'angle au niveau des impostes. D'autres tuiles séparent les claveaux. Le décor est complété par deux motifs en losanges placés de part et d'autre de la fenêtre d'axe.
La piscine baptismale présente un type de construction similaire à celui de l'abside : une structure polygonale (plan en losange) avec l'emploi d'un appareil allongé. Ces procédés sont ceux que l'on retrouve dans les constructions mérovingiennes de la région. L'abside et la piscine, vraisemblablement contemporaines, pourraient dater du VIe ou VIIe siècle. Selon Brigitte Boissavit-Camus, archéologue, responsable des fouilles conduites à la fin des années 80, il est possible que l'ensemble des bâtiments ait été ceint de murs, hérités du temple antique dont il reste les fondations, afin de délimiter un espace de circulation réservé à l'exercice du culte.
La nef aurait été reconstruite au début du XIe siècle, en même temps que la souche du clocher. Les murs de la nef sont constitués de petits moellons irréguliers et rythmés par l'alternance des contreforts plats et des baies hautesFaçade nord, contrefort et baies hautes. Ces dernières, étroites, sont surmontées d'un linteau en hémicycle gravé de fines lignes simulant un arc appareillé dans un style très répandu avant l'an mille, mais qui tend à disparaître ensuite. Le clocher est curieusement placé au-dessus du chœur qu'il encombre par les énormes pilesVue de deux des quatre piles dans le chœur nécessaires à son soutènement. Les trois niveaux supérieurs sont matérialisés par des corniches. Le premier est aveugle et possède des contreforts d'angle, les deux derniers sont éclairés par des baies libres. Au second niveau, les baies s'inscrivent dans un mur platLes baies du 2e niveau, tandis qu'au troisième, elles sont dotées de deux rangs de claveauxBaies du troisième niveau descendant le long des jambages et surmontées d'un cordon mouluré continu sur les quatre faces. Le clocher est coiffé d'une élégante couverture pyramidale en pierres.
La façade assume la forme générale d'un quadrilatère surmonté d'un imposant pignon triangulaire. Le décor est concentré sur l'élégante corniche qui délimite le pignon, constituée de petites arcatures reposant sur des modillons sculptés.Un exemple de modillons sculpté De puissants contreforts soutiennent la façade. L'un d'eux, au nord, a été refait au XIVe ou XVe siècle. Au centre, le portail sans tympan est orné d'un simple rouleau. Il est surmonté d'une baie en plein-cintreLa baie unique de la façade occidentale à voussures et couronnée d'un fin cordon reposant sur des culots sculptésDétail des motifs sculptés. Une inscription de dédicace gravée près de l'entrée de l'église est partiellement conservée, elle paraît dater du tout début du XIIe siècle.

Intérieur
Vue de la voûte de la nef de l'église de Civaux

La nef, charpentée à l'origine, a été voûtée à l'époque romane. Pour assurer la stabilité des voûtes, il a été nécessaire de diviser l'espace de la nef par deux séries de colonnes. Ces colonnes rondes, maçonnées en pierres de taille, supportent des chapiteaux sculptés aux décors particulièrement variés et où se perçoivent les influences d'édifices voisins comme la collégiale Saint-Pierre de Chauvigny (XIIe siècle).

Certains chapiteaux sont ornés de végétaux stylisésChapiteau à feuilles stylisées ou de motifs géométriquesChapiteau à motifs géométriques, d'autresChapiteau figurant des griffons font appel à un bestiaire fantastique, une dernière série illustre des thèmes à valeur symbolique (oiseaux s'abreuvant à une coupeOiseaux buvant dans une coupe) ou morale (couple se donnant la mainDétail du chapiteaux figurant une couple se tenant par la main, marin expulsé de son bateau par une sirèneChapiteau figurant une sirène (détail)).

Le chœur est placé dans l'abside mérovingienne. L'espace a été réduit par l'implantation des piles qui soutiennent le clocher et qui dessinent un genre de faux déambulatoire assez maladroit. C'est sur la face interne du mur de l'abside que la stèle gravéeStèle funéraire du IVe siècle a été encastrée. Elle avait été découverte sur ce même mur, à l'extérieur, à l'occasion des travaux d'agrandissement de la fenêtre d'axe (celle-ci a retrouvé son allure primitive lors d'une récente campagne de restauration).

Les voûtes et les enduits peints ont été refaits au XIXe siècle. Le décor associe des rinceaux et des motifs décoratifs au faux appareillageLe faux appareillage des murs (la région conserve des enduits romans à faux joints de pierres notamment dans la chapelle castrale d'Argenton-Château). En 1866, l'artiste poitevin Honoré Hivonnait a peint, à l'entrée du chœur, les saints Gervais et ProtaisFresque XIXe de saint Gervais et Protais tenant la palme des martyrs.

à quelques dizaines de mètres de l'église, le cimetière de Civaux est un lieu qui invite au romantisme. Au milieu des cyprès, des centaines de sarcophages jonchent le solLes tombes méroveingiennes du cimetierre de Civaux. La clôtureLa clôture constituée de tombes elle-même est faite de dalles funéraires. Ce sont les vestiges de l'immense nécropole mérovingienne qui rassemblait plusieurs milliers de tombes.

 

 

 
 

détail du dessin du cimetière de CivauxLégende à Civaux, c'est la présence d'une vaste nécropole mérovingienne, source de nombreuses légendes ; une pluie de sarcophages aurait permis d'ensevelir les morts après la bataille — qui aurait eu lieu à Civaux !
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Chevet de l'église de CivauxLégende La partie la plus ancienne de l'édifice appartient à l'époque mérovingienne. Il s'agit de l'abside heptagonale construite avec un petit appareil cubique à joints épais, issu de la tradition romaine, associé à des blocs allongés, le tout disposé en assises régulières...
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Façade nord, contrefort et baies hautesLégende Le clocher est curieusement placé au-dessus du chœur qu'il encombre par les énormes piles nécessaires à son soutènement...
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Façade de l'église de CivauxLégende La façade assume la forme générale d'un quadrilatère surmonté d'un imposant pignon triangulaire. Le décor est concentré sur l'élégante corniche qui délimite le pignon, constituée de petites arcatures reposant sur des modillons sculptés...
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Les contrefort de la façadeLégende De puissants contreforts soutiennent la façade. L'un d'eux, au nord, a été refait au XIVe ou XVe siècle. Au centre, le portail sans tympan est orné d'un simple rouleau...
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Nef de l'église de CivauxLégende La nef, charpentée à l'origine, a été voûtée à l'époque romane. Pour assurer la stabilité des voûtes, il a été nécessaire de diviser l'espace de la nef par deux séries de colonnes....
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Intérieur de l'église de CivauxLégende Vue de l'intérieur de la nef et de quelqu'uns de ses chapiteaux, au fond le chœur
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Détail de chapiteauLégende Détail d'un des chapiteaux figurant un monstre issu du bestiaire roman
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