© Alienor.org, Conseil des musées,
www.alienor.org
Accés au sommaire | Page précédente
HISTORIQUE :
Le terme de céramique sigillée, inventé à la fin du 19e siècle, dérive du mot latin sigillum qui désigne les poinçons (décoratifs ou inscrits) qui contribuent au décor et à la signature de certains vases. Par extension, on désigne de ce nom tous les vases, décorés ou non, signés ou non, dont la pâte fine est, le plus souvent, rouge orangé.
La
céramique sigillée est apparue à la fin du 1er siècle
av. J.-C. en Italie à Arezzo. Cet atelier, situé en pays étrusque,
a hérité d'une longue tradition céramique (dont le fameux
bucchero nero, céramique à pâte rose ou beige souvent
ornée de reliefs ou estampée et recouverte d'un engobe, enduit
terreux, noir brillant).Sa production se caractérise par une pâte
rosée recouverte d'un engobe brillant rouge à reflets orangés.
Rapidement exportée dans tout l'empire, elle connaît un vif succès
en Gaule.
Devant l'intérêt de la population, quelques ateliers gaulois
s'intéressent à ce vaste débouché et commencent
à imiter la céramique d'Arezzo rendant, en une dizaine d'années,
toute importation inutile.
On trouve les premiers ateliers de sigillée dans le sud de la France
la Graufesenque (12), Banassac(12),
Montans (81)
et le Centre Lezoux (63) à la fin du 1er siècle.
Au cours du 2e siècle, les ateliers installés en Gaule de l'Est
(région de l'Argonne notamment) concurrencent ceux du Centre. Durant
la 2e moitié du 2e siècle, cette industrie connaît une
crise qui se traduit par la dégénérescence du décor
et la qualité.
Au
3e siècle la production de céramique sigillée s'éteint
subitement à l'exception des ateliers de l'Est de la Gaule qui poursuivent
une production d'assez médiocre
qualité jusqu'au 5e siècle.
Un tel engouement peut s'expliquer par le fait que les potiers s'inspirent de la luxueuse vaisselle de bronze ou d'argent dont ils reproduisent les formes et le décor répondant ainsi aux besoins d'une classe moyenne qui, bien qu'éprise de la beauté des formes métalliques, ne peut en payer le prix.
LA FABRICATION :
La
couleur rouge de la sigillée est le résultat de plusieurs
opérations.
Il faut que l'argile contienne une certaine teneur en oxyde de fer (excellent
colorant minéral) qui, pour se révéler, doit rester
en présence d'oxygène à tout instant
de la cuisson et du refroidissement. C'est pourquoi les fours à céramique
sigillée sont si particuliers.
A
leur partie supérieure ils sont munis de gros disques percés
(ouvreaux) qui jouent le rôle de chapeau de cheminée. Pour
régler la température du four il suffit
d'en obturer certains avec de l'argile molle.
A l'intérieur, les vases, posés sur la sole du four - plancher en céramique séparant la chambre de cuisson du foyer - sont empilés les uns sur les autres (des cales empêchaient que les piles ne s'affaissent sur leur propre poids, les fours pouvant contenir plusieurs milliers de pièces).
La cuisson doit être réalisée dans des conditions extrêmement précises.
La
température est progressivement élevée de 30°
à 50°C par heure. Un premier seuil est marqué vers 400°
/500°C, un deuxième à 900°C. Dès que la combustion
atteint les 1050°C la cuisson est arrêtée.
La cuisson dure approximativement 36 heures, le refroidissement 4 jours.
FORMES ET DECORS :
Les
objets réalisés sont parfois simplement tournés et
lissés, dans la tradition de la céramique campanienne, ou
selon un procédé nouveau, fabriqués à l'aide
d'un moule qui porte un décor en creux.
Trois étapes (pouvant être le fait de trois personnes différentes)
étaient nécessaires à la fabrication d'un moule.
La
première consistait à réaliser des poinçons
matrices en relief. En
argile cuite, ils servaient à l'impression en creux de l'intérieur
des moules. Les matrices originales de ces poinçons devaient être
en cire dure gravée en relief par de véritables artistes à
la vue de la précision des motifs réalisés (fleurs,
animaux, combats, scènes mythologiques
). Elles étaient
alors appliquées sur des plaques en argiles qui, une fois cuite,
pouvaient servir à la reproduction en série du même
motif. Les artistes graveurs ou modeleurs de poinçons allaient ensuite
proposer le décor ainsi réalisé au fabricant de moules.
L'étape suivante consistait à
décorer les moules. Ceux-ci
se présentent comme de véritables vases à parois épaisses,
dont la face interne épouse la forme externe du vase que l'on veut
en tirer. L'empreinte en creux des poinçons est appliquée
sur la face interne du moule pour réaliser le décor du futur
vase. Il arrivait fréquemment que le décorateur signe le moule.
Certains vases ornés ont deux signatures différentes, une,
située dans le décor, qui provient de celui qui a fabriqué
le moule et une, apposée en général sur le fond interne
du vase, et qui est celle du potier (l'estampille).
La fabrication du vase proprement dite relève du potier.
Le moule, posé sur le tour, est rempli d'argile. Le potier met le
tour en marche en pressant fortement sur la paroi interne du moule afin
que l'argile pénètre sur toutes les empreintes en creux. Lorsque
la pâte est régulièrement montée jusqu'au bord
du moule, le potier fabrique la lèvre du vase. Le moule est ensuite
détaché du tour. L'extraction du vase de son moule, se fait
après un temps de séchage accompagné d'un certain retrait
de l'argile.
Le potier peut alors démouler le vase sans danger. Le moule ne comportait
que la partie décorée du vase qu'il fallait ensuite terminer
(pose du pied, façonnage du bord, ajout d'anses et autres) au tour.
L'engobage,
bain dl'argile
délayée,
est réalisé sur tous les vases sigillés décorés
ou non. Il forme une mince pellicule qui, une fois cuite, donne un revêtement
brillant et augmente la teinte rougeâtre de la pâte.
Pour l'appliquer, le potier saisit le vase par le pied du bout des doigts
pour le plonger dans le bain.
A
la fin du 3e siècle, un renouvellement important du répertoire
des formes (plats, cruches, gobelets hauts) et du décor se produit.
Les vases ne sont plus moulés mais décorés après
tournage. Diverses techniques sont utilisées.
L'incision, surtout utilisée à partir du milieu du 2e siècle,
consiste à tourner un vase lisse sur lequel le potier trace des décors
en creux (fleur, feuille, motifs géométriques
).
Le décor à la barbotine, qui connut aussi un essor à la fin du 2e siècle, consiste à appliquer sur certaines parties des vases une argile fluide de façon à y former des décors simples.
Le décor à l'éponge est réalisé avec une éponge trempée dans l'eau et pressée, avant cuisson, sur la paroi du vase.
Le relief d'applique consiste à remplir d'argile un petit moule muni d'un manche et dont l'extrémité comporte un décor en creux. Celui-ci est ensuite fortement pressé sur la paroi du vase. Le décor apparaît en relief. Ce type de décor se généralisa à partir de la seconde moitié du 2e siècle et jusqu'à la fin du 4e siècle.
La
décoration à la molette fut utilisée à toutes
les époques et sur des vases non sigillés également.
Elle consiste à faire courir sur le vase lisse non cuit des roulettes
portant un décor en creux (stries, petits casiers en série
à décor simple),
L'estampage
est un décor en creux réalisé grâce à
des poinçons en reliefs directement imprimé sur les parois
des vases.
Les diverses formes de céramiques sigillée ont été classifiées depuis la fin du 19e siècle et la typologie utilisée de nos jours a gardé le nom des différents savants qui l'ont définie pami lesquels Hans Dragendorff, Joseph Dechelette ou Emil Ritterling.