Le portrait dit « d'un trésorier »

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Un tenancier d'hôtel...

Ce portrait, réalisé en 1693, et exposé au musée Sainte-Croix depuis 1957, était considéré jusqu'à présent comme le portrait d'un trésorier. Les recherches menées par Danielle Velde permettent d'affirmer qu'il s'agit du portrait de Gilles Isaac, maistre de l'hôtel de France, 16 rue des Grands-Augustins à Paris.
L'homme portant une belle perruque et un habit de qualité est représenté devant une table couverte d'un drap rouge. Devant lui un encrier en céramique, une plume et divers petits objets, cachet et cire rouge, disposés sur un simple plateau en terre cuite. Sur la table sont étalées une bourse remplie et une dizaine de pièces d'or. La mine du personnage est sévère, un peu triste, voire abattue. La mise en scène, la fraîcheur et la qualité du vêtement, la bourse et les pièces d'or, sont cependant destinées à souligner sa réussite et sa prospérité.

...Aux comptes parlants

Sous son bras droit, et posé sur la table, un livre de comptes où sont résumées des notes de frais concernant M. de Beauvais : il a soupé le 10 août 1693 pour la somme de 36 livres avec un « pasté de sanglier, six perdrix et six bouteilles de vin ».
Un baron de Beauvais, mort d'apoplexie à Paris en août 1697, mentionné par Saint-Simon, pourrait être l'homme en question, mais nous n'en avons aucune preuve.
Dans sa main gauche, l'homme laisse voir un reçu dont la lecture est plus fructueuse et permet d'identifier le modèle du tableau :
« J'ay ce jourd'hui comptay avec m. le comte de Rouvre de toute la depense qu'il a faite lui et ses gens montant à la somme de quatre cent soixante quinze livres laquelle somme j'ay receue. Fait à Paris le premier mars 1693. »

Ces deux textes, sur le livre de comptes et le reçu, nous permettent de présumer que le personnage représenté est tenancier d'un hôtel.



Le statut particulier de cette œuvre :
À la fin de la dernière guerre, de nombreuses œuvres récupérées en Allemagne ont été renvoyées en France parce que certains indices (archives, inscriptions, etc.) laissaient penser qu'elles en provenaient. La plupart d'entre elles ont été rapidement restituées à leurs propriétaires spoliés par les Nazis. D'autres furent vendues par les Domaines, tandis que d'autres encore étaient confiées à la garde des musées nationaux. Elles constituent ce qu'on appelle des MNR, « Musées Nationaux Récupération ».

Vers la notice de ce tableau