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Les styles du mobilier français

Les styles du mobilier français

Les meubles de toutes époques nous entourent. Nous les côtoyons au quotidien et pourtant nous ignorons souvent leur diversité et leur histoire.

Suivant l'évolution des modes de vie, les types et les styles de meubles ont changé, certains ont disparu au profit de nouveaux, jugés plus adaptés aux usages de l'époque. En outre, les ornements des meubles, les matériaux, les assemblages ont évolué avec les techniques et les goûts des époques.

Il en résulte une très grande variété de meubles dont chaque style a des traits de caractère bien définis. Pourtant, ces styles sont souvent difficiles à identifier tant les mélanges d'influences furent fréquents, notamment parce que les modes en matière de mobilier pouvaient mettre du temps à se diffuser de Paris jusqu'en province.

Les styles par rapport aux règnes des rois de France et aux républiques

Gothique

Au Moyen Âge, les meubles sont rares ; c'est l'apparition de la menuiserie. Assemblés au moyen de tenons et de mortaises puis progressivement par des menuiseries de fer forgé, il s'agit d'un mobilier rustique et massif.
L'ornementation, bien que rare sur la plupart des meubles, s'inspire de l'architecture de l'époque et en reprend les motifs constructifs tels les arcs de plein cintre à l'époque romane, brisés à l'époque gothique, les fenestrages, les rinceaux, ainsi que les drapés.
Les seuls meubles de cette époque à avoir été conservés jusqu'à nos jours sont les coffres et les fauteuils, mais il existait également des tables, des armoires ou des lits. Néanmoins, au cours du temps et de la sédentarisation des populations, le mobilier se diversifie et s'oriente vers des usages plus spécifiques à chaque meuble ; alors que les coffres servaient de bancs et parfois de tables, de nouveaux meubles avec des utilisations bien précises vont voir le jour et se démocratiser.

Les essences de bois utilisées dépendent surtout du lieu de leur fabrication : le chêne et le sapin sont les principales. Le métal est utilisé pour les ferrures. Les meubles sont également souvent couverts d'étoffes et de cuir et pouvaient parfois être peints.

Renaissance

Au XVIe siècle, les meubles évoluent peu en eux-mêmes si ce n'est leur ornementation. Celle-ci fait la synthèse entre les éléments caractéristiques de  l'Antiquité gréco-romaine et les canons de la Renaissance italienne.
De nouveaux meubles apparaissent, tels le buffet Henri II ou la caquetoire ou caqueteuse .
Sculptés de pilastres et de colonnes, décorés d'arabesques, de cariatides, de feuillages, on trouve aussi des figures en médaillons.
Les assemblages évoluent sensiblement : de la construction par tenons et mortaise, les ébénistes de la Renaissance utilisent les assemblages par coupe d'onglet ou à queue d'aronde, permettant de masquer les ferrures et les assemblages.

Enfin, sous Henri II (1547-1559), les matériaux évoluent, le noyer est souvent utilisé et des placages de marbres font leur apparition.

Louis XIII

Les meubles de la fin du XVIe jusqu'à la première moitié du XVIIe siècle restent massifs, avec de solides piétements et d'imposantes corniches et s'ornent de motifs essentiellement géométriques.
Cette époque marque l'apparition des armoires et du cabinet, un meuble ne comportant que des tiroirs.
Ils sont souvent tapissés de tissus épais, décorés de motifs floraux mythologiques ou géométriques, ou de velours.
Les essences utilisées sont le chêne, le noyer et le sapin. Les placages à base d'ébène ou de poirier sont de plus en plus fréquents.
Le plus remarquable dans le mobilier Louis XIII est l'introduction de la technique du tournage. De nombreuses pièces, barreaux de chaises et de fauteuils, entrejambes de tables, piétements, etc. sont tournés et leurs extrémités de section carrée laissée intacte pour faciliter l'assemblage. Différents types de tournage existent : en balustre, en chapelets, torsadé ou en spirale.

Les panneaux sont eux profondément moulurés et subdivisés ; cette ornementation reprend des motifs géométriques dont le plus connu est la pointe de diamant.

Louis XIV

Le règne de Louis XIV voit disparaître les meubles polyvalents pour de multiples meubles ayant chacun leur usage bien précis ; les coffres et les cabinets tendent à disparaître tandis qu'apparaissent la commode et la console. Les lits gagnent des colonnes sur lesquelles sont tendus de riches et extravagantes draperies.
Ces meubles très opulents sont souvent dorés ou argentés, parfois peints de rouge ou de vert. Les placages et marqueteries d'essences de bois très différentes sont courants ; la nacre, les métaux, l'ivoire, l'écaille ou la corne sont également utilisés.

L'éclatant style Louis XIV abandonne le style massif du Louis XIII pour un style plus en mouvement. Il emprunte ses éléments décoratifs à la mythologie, la flore et la faune (pieds en griffe d'animal), l'architecture ou des motifs guerriers ; l'emblème du soleil, emblême du "Roi Soleil", est omniprésent. Ainsi les pieds de meubles en gaine ou en balustre s'ornent de feuillages, de cannelures ou de coquillages tandis que les ceintures de tables sont richement sculptées.
Le tournage reste également la technique en vogue pour la réalisation des piètements mais ceux-ci s'allègent et les courbes s'adoucissent.

Les éléments métalliques des meubles, serrures, poignées, gonds, etc. sont omniprésentes et réalisées  en bronze finement ciselé.

Régence

Le style Régence est plus une évolution du style Louis XIV qu'un style à part entière : les meubles de cette époque mélangent des éléments conservateurs à d'autres précurseurs.
Ils se différencient néanmoins par des formes plus douces et arrondies, un style élégant et symétrique et davantage de finesse dans les bronzes. Les motifs principaux sont la palmette et l'espagnolette.
Le sabot apparaît et prolonge les piétements en pied de biche ou en griffe de lion.

Les meubles significatifs sont la commode en tombeau, la commode arbalète ou encore la bergère.

Louis XV

D'inspiration baroque ou orientale, le Louis XV est un style féminin et léger et doté de beaucoup de fantaisie, contrairement au Louis XIV. Les meubles prennent des galbes importants et sont généralement plus petits. Apparaissent les canapés, bureaux de pente puis secrétaires à rouleaux. Les bras des fauteuils sont placés en retrait pour permettre aux dames de s'asseoir avec leur robe à panier.
Les meubles s'ornent de décors sculptés de style rocaille caractéristiques : des formes inspirées de coquilles en feuillages et de concrétions disposées en spirales ou en enroulements. L'ornementation animale ou humaine est abandonnée au profit d'une ornementation végétale.
Les meubles sont vernis et les dorures moins présentes ; les sièges sont recouverts de soie, tandis que les panneaux laqués sont plus fréquents. Les marqueteries très complexes reprennent elles aussi des compositions végétales.

Transition

Vers 1850, les rocailles sont peu à peu remplacées par des ornementations de style "néo-classique", s'inspirant des exemples de l'Antiquité gréco-romaine : "à la grecque", oves, etc.. Les meubles perdent progressivement leurs galbes et les surfaces s'aplanissent. Ceci caractérise le style transition.

Louis XVI

Jusqu'à la Révolution, le style Louis XVI marque le retour aux lignes droites et à la sobriété. Ce retour des lignes droites permet également de faire réapparaître le tournage et les cannelures et remplacent les pieds en S du Louis XV.

Les dossiers des fauteuils sont en médaillon ou à chapeau, un dossier incurvé et rattaché au montant par des décrochements.

Les bois peints sont fréquents et les incrustations de porcelaine se généralisent. Les ornementations de bronze, d'inspiration antique, végétale ou textile, gagnent en finesse et en brillance et sont moins présentes.

L'ornementation d'inspiration végétale marque le pas et les formes géométriques prennent l'ascendant.

Directoire

Style transitoire entre les styles Louis XVI et Empire, il prend place dans le contexte révolutionnaire en abandonnant les symboles de la royauté pour de plus révolutionnaires (bonnet phrygien faisceau, etc.).

Les formes se simplifient et les galbes disparaissent. Le dossier des chaises est ajouré.
Le style prolonge les emprunts à l'Antiquité gréco-romaine et au style pompéien ; certains meubles en sont directement inspirés, marquant le retour des lits de repos ou des tables à piètement en X.

La marqueterie a tendance à disparaître ainsi que les ornementations de bronze, seule les sculptures perdurent. La laque est souvent utilisée ainsi que des décors d'inspiration étrusques.

Le losange est omniprésent dans la décoration des meubles Directoire, souvent orné d'une palmette en son centre.

Empire

À l'aube du 19e siècle, les meubles Empire d'inspiration ostensiblement antique sont austères et bannissent la courbe au profit de la ligne droite : les angles sont droits, les surfaces planes, les proportions rigoureusement symétriques. Les pieds arrières des sièges sont arqués et de section carrée.

Les ornementations sont d'inspiration martiale ou mythologiques : couronnes de laurier, victoires ailées, sphinx, lions, chevaux marins. L'aigle, le cygne, l'abeille et le N de Napoléon sont caractéristiques.

Les campagnes de Napoléon en Égypte introduisent également des motifs d'inspiration égyptienne.

Enfin, les angles des meubles sont souvent ornés de cariatides.

La marqueterie finit de disparaître, remplacée par des incrustations, tandis que les bronzes sont dorés "au mat". Les marbres sont taillés à angle droit et les bronzes petits et peu nombreux mais ciselés avec beaucoup de soin.

Restauration

Les règnes de Louis XVIII et Charles X voient le retour des attributs de la royauté. Le mobilier s'en trouve influencé.

Les meubles de cette époque se caractérisent par l'utilisation de bois clairs (frêne, loupe d'orme, érable, etc.) ; les bronzes se font encore plus rares, au profit d'incrustations de bois sombres.

L'ornementation n'est pas très différente du style Empire, mais les motifs militaires ou mythologiques disparaissent, au profit des nymphes, chimères, pattes de lions, et surtout des cols de cygnes qui servent de support aux plateaux et aux accotoirs des sièges.

Louis-Philippe

Le style Louis-Philippe voit le retour des bois sombres et l'apparition des machines-outils. La fabrication manufacturée entraîne la disparition des éléments ornementaux complexes et donc coûteux à réaliser, comme les bronzes et la marqueterie. Les seules incrustations qui perdurent sont en nacre ou en filets de bois clair sur les bois sombres.
En outre, les placages de bois ont tendance à remplacer le bois massif.

Le style des meubles mélange les différentes inspirations passées, gothique et renaissance. On retrouve ainsi des décors de rosaces, des arcs cintrés, des polylobes, des rinceaux, des griffes de lions, etc.

Napoléon III

Le métal prend de plus en plus d'importance à cette époque, et notamment la fonte qui sert de structure ou de piètement à de nombreux meubles.
Les meubles sont généralement plaqués de bois sombres et le rotin fait son apparition.
Le châssis et parfois toute la structure du meuble sont souvent cachés par des capitonnages de tissus, et prolongés par des jupes de franges. Ce goût pour la garniture de tissu est caractéristique de cette époque ; en atteste le succès du pouf, de la borne, de l'indiscret et du confident.
Le style Napoléon III, également appelé Second Empire, n'est à proprement parler qu'une réinterprétation très ostentatoire et ornementée des styles précédents. Il s'inspire cependant beaucoup de l'Extrême-Orient, tant au niveau de ses ornementations que des motifs décorant les tissus.

L'ornementation de bronze doré imite le bambou ou les cordages, ou de médaillons en porcelaine de Sèvres, incrustés dans les meubles.



Glossaire

Les meubles

athénienne

sorte de guéridon tripode ou quadripode d'inspiration antique

bergère

fauteuil rembourré dont les accotoirs sont pleins

borne

canapé circulaire, avec ou sans dossier central

buffet Henri II

buffet à deux corps, dont la partie haute est moins profonde que la partie basse

cabinet

meuble ne comportant que des tiroirs

Caquetoire (ou caqueteuse)

petite chaise dont le dossier est étroit et l'assise en forme de trapèze

commode

meuble bas de rangement à tiroirs

commode en tombeau

dite "à la régence", commode basse, massive et ventrue à pieds courts

commode arbalète

commode droite mais dont la face avant faite de courbes et de contre-courbes évoque le profil d'une arbalète

confident

siège à deux places se faisant face, le dossier formant un S, généralement capitonné

console

petite table peu profonde à placer contre un mur

guéridon

table ronde ou ovale avec un seul pied central

indiscret

siège à trois places adossées dont les dossiers rattachés forment une sorte d'hélice

pouf

siège rembourré sans dossier ni accotoir

secrétaire à dos d'âne ou bureau de pente

bureau fermé par un abattant plat formant écritoire

secrétaire à rouleau

bureau fermé par un cylindre pivotant

Les éléments

accotoir

partie latérale du siège reliant le dossier à l'assise sur laquelle on appuie le bras

accoudoir

partie supérieure du dossier d'un siège destinée à y poser les coudes

manchette

rembourrage de la partie centrale d'un accotoir

Les techniques

assemblage par tenons et mortaises

l'extrémité d'une des pièces de bois, le tenon, est réduite en épaisseur de façon à s'insérer dans une ouverture de même dimension creusée dans l'autre pièce, la mortaise.

assemblage par coupe d'onglet

l'assemblage est masqué en coupant les extrémités en diagonales et non plus à angle droit ; l'extrémité de la pièce qui recouvrait l'autre avec l'assemblage par tenon et mortaise est ainsi cachée.

assemblage à queue d'aronde

l'extrémité d'une des pièces de bois est taillée en trapèze ou en queue d'hirondelle et vient se glisser dans une entaille de forme similaire. Cette technique évite l'arrachement de la pièce en la maintenant dans son logement.

balustre

colonnette renflée, plus large au milieu qu'en ses extrémités

capiton, capitonné

garniture rembourrée et maintenue par des clous de tapissier disposés en losange

chapelet

technique de tournage formant des boules le long d'un axe

gaine (pied en)

pied plus large en haut qu'en bas

torsade, tors en spirale

technique de tournage imitant une corde enroulée autour d'un axe

Les ornementations

cariatide

corps de femme sculpté soutenant un entablement, servant de pilier de soutien

espagnolette

ornementation de bronze en forme de buste féminin ornant généralement les angles des meubles

marqueterie

plaquage de différentes essences de bois en motifs géométriques ou floraux

palmette

motif ornemental emprunté à la feuille du palmier

placage

fine plaque de bois précieux ou de marbre couvrant la structure du bois en bois plus commun

pointe de diamant

mouluration en forme de pyramide dont la base est soit un losange soit un triangle

rocaille

ornementation très utilisée sous la Régence et le début du style Louis XV, consistant en des motifs végétaux ou minéraux entrelacés et caractérisés par l'asymétrie