Rochefort mis en boîte,

les années 30 photographiées par René Kériguy

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René Kériguy, photographe rochefortais

Ingénieur de marine rochefortais, René Kériguy (1886-1962) quitte un temps sa ville natale pour des destinations plus exotiques comme Madagascar ou Saïgon. À son retour, au début des années trente, il ouvre un magasin de photographie au 108, rue du Quatorze-Juillet.

Véritable passion, la photographie lui permet aussi, selon son expression, de faire bouillir la marmite. Doté d'une forte personnalité, d'un naturel bon vivant, ce photographe-reporter se passionne pour les nouveautés techniques.

Utilisateur avant tous ses confrères du fameux Leica, il sera aussi l'un des premiers rochefortais à acquérir une télévision. En guise d'antenne, il bricolera alors le parapluie de sa femme. Son sens commercial, très aiguisé, le conduira aussi à utiliser un appareil permettant de récupérer les sels d'argent sur les papiers.

Auteur de nombreux documentaires, il assiste Paul d'Hémara sur le tournage de La famille sauvée. Bien introduit dans le milieu cinématographique parisien et ami d'André Cayatte, il se procure sans mal des chutes de films pour réaliser ses propres travaux. À partir de 1936, Roger Sarazin devient son assistant. Entre les deux hommes naît une véritable complicité. Le photographe José Lopez Molina, réfugié espagnol, les rejoindra bientôt dans une boutique aux allures de capharnaüm, dont la clientèle est essentiellement composée de militaires. La même année, la société Tirenti (importatrice du Leica en France) reconnaît la qualité de son travail en récompensant un portrait de vieillard à la peau burinée.

La photographie dans les années 30

Dès années 1920 aux années 1950, le "photo-journalisme" connaît un essor, grâce aux techniques et aux idées nouvelles. En 1923, Oscar Barnarch, en créant le Leica commercialisé en 1925, révolutionne la photographie. Le film en rouleau 24x36 mm permet de réaliser rapidement et à bas prix 36 vues.

En 1932, c'est l'invention du télémètre couplé de sept objectifs interchangeables à focales diverses.

Les appareils allégés, le photographe vise à hauteur d'œil et peut tourner autour du sujet et varier son angle de vue. La nouvelle dimension sociale et politique de la photographie est indéniable dans les années 1930. Dés la fin des années 1920, la photographie prend le pas sur le texte dans la presse qui connaît, alors, un grand essor.

À la place de photographie unique d'un sujet, le Leica permet des séries de photographies qui donnent le style d'un magazine. René Kériguy, par l'emploi du Leica pour ses photographies de scènes de rue et par ses choix de prises de vues du réel qu'il veut restituer est tout à fait représentatif des nouveaux photographes reporters des années 1930.

La France prestigieuse des années 30

Entre les deux guerres, l'île d'Oléron est un but d'excursion pour les aéroclubs environnants bien qu'elle ne possède pas de terrain homologué. L'aéroport oléronais naît en 1935 pour pouvoir effectuer efficacement les évacuations sanitaires. Les meetings aériens ne sont pas des fêtes exceptionnelles. Ils sont très fréquents. En effet l'aviation française est en plein développement.

La Compagnie "Air France" est inauguré le 7 octobre 1933 au Bourget, mais c'est sous le Front Populaire que se développe l'aviation populaire sous la responsabilité du ministre de l'air Pierre Cot.

L'émergence de nouvelles mentalités

Les clichés de René Kériguy permettent d'évoquer les congés payés de 1936. La loi est votée à la Chambre le 11 juin 1936. Les décrets d'application du 1er août 1936 accordent douze jours ouvrables pour un travail d'un an continu. Il faut ajouter trois dimanches et les jours fériés.
Les congés sont accordés entre le 14 juillet et le 31 août.
Les ouvriers fractionnent leurs congés en 2 ou 3 jours qu'ils passent à la campagne : ils retournent participer aux travaux des champs et renouer des liens avec la famille qu'ils ont quittée pour la ville ou bien passent un après-midi à pêcher au bord de la rivière (les rochefortais vont au bord des canaux). Les jours de pêche "à la vermée" étaient toujours joyeux.

Les grands problèmes de la fin des années 30

Plusieurs photographies évoquent la venue à Rochefort de réfugiés espagnols au cours de l'été 1937. La presse locale évoque tout au long de l'été 1937 l'arrivée de bateaux transportant à bord des réfugiés basques. Les embarcations sont des bateaux de pêche comme le Chucuta qui vient à Rochefort à la fin du mois d'août 1937. Les navires sont venus à Rochefort après avoir été renvoyés de La Rochelle. En septembre 1937, Rochefort reçoit 500 basques dans son port.

Plusieurs manifestations politiques sont couvertes par René Kériguy, comme le rassemblement des femmes qui évoquent les grandes préoccupations de la fin des années 30 (la marche de la guerre et la menace pour les libertés avec la montée des extrêmes droites), la commémoration de la mort de Jean Jaurès (31 juillet 1937) et plusieurs défilés où les pancartes sont le reflet de la vie politique sous le Front Populaire. On y retrouve inscrit les mots d'ordre du mouvement : "pain, paix, liberté" et la reconnaissance du droit syndical : "syndicat des ports et des docks de Rochefort".

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