Église Saint-Hilaire de Melle
C'est la plus vaste et la plus connue de la triade melloise. Elle a été classée Patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO en 1998 au titre d'étape sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Son plan facilitait la circulation des pèlerins : nef de six travées à collatéraux, transept à absidioles orientées, chœur à déambulatoire sur lequel s’ouvrent à trois chapelles rayonnantes. Elle a été construite en deux étapes : le sanctuaire et le transept autour de 1 100, puis la nef pendant le troisième tiers du XIIe siècle.
Le musée de Poitiers conserve un plan dressé par Henri Deverin (1846-1921), architecte des Monuments Historiques.
Le chevet très sobre est remarquable par l’étagement des volumes, absidioles et chapelles rayonnantes, déambulatoire, chœur et transept dominés par le clocher carré.
Le portail le plus emprunté et par lequel arrivaient les pèlerins est situé sur le flanc nord de la nef. Il est particulièrement soigné et surmonté d'une niche dans laquelle figure en ronde-bosse un cavalier couronné foulant aux pieds un petit personnage. Ce groupe a été très restauré et modifié au XIXe siècle. Des vestiges de la sculpture, retrouvés en 1984, les archives et les relevés laissent entendre qu'il s'agirait d'un seigneur local du nom de Constantin qui se serait proclamé « défenseur de l'Église » et « protecteur de la population ».
Ce portail possède trois voussures très abimées. La première est ornée d'un décor de palmettes réalisé à la fin du XIXe siècle. Sur la deuxième sont présentés en alternance les travaux des mois et les signes du zodiaque. La troisième est dédiée au combat des Vices et des Vertus associé à une évocation de la Luxure (deux femmes nues, l'une aux seins dévorés par deux chimères, l'autre reposant sur des crapauds). Le mur est rythmé par d'élégantes colonnes-contreforts jumelées. Les cintres des fenêtres sont soigneusement sculptés ainsi que les chapiteaux ornés de monstres et de personnages. Les modillons de la corniche sont travaillés avec beaucoup de finesse.
La façade occidentale de Saint-Hilaire est typiquement poitevine : un portail central encadré de deux arcatures aveugles, au-dessus trois baies, celle du centre étant plus grande que les autres, le tout surmonté d'un fronton encadré de deux lanternons. La simplicité du décor, limité à l'étage supérieur, est constitué uniquement de motifs géométriques et donne à cette façade une grande monumentalité.
Quand on pénètre dans l'église par le portail occidental, le contraste est frappant entre la nef baignée de lumière (double baie à chaque travée) et le sanctuaire dans la pénombre qui, éclairé par d'étroites fenêtres, paraît lointain, secret et mystérieux.
Des piles quadrilobées supportent les voûtes en berceau brisé de la nef et des collatéraux. Leurs chapiteaux sont le domaine d'une sculpture où se déploient formes géométriques, animaux, feuillages, scènes de la vie quotidienne et historiée. Certains sont d'un style vigoureux : la chasse au sanglier, l'Arbre de vie, le centaure-sagittaire perçant d'une flèche un cerf.
D'autres sont plus raffinés et décoratifs : joueurs de vielle à archet et acrobate à la renverse ; joueurs de harpe ; quadrupèdes affrontés au-dessus d'une ornementation végétale ; oiseaux buvant dans une même coupe ; personnages nus dans des rinceaux ; dragons affrontés : corps de coq avec queue de serpent donnant lieu à des enroulements décoratifs.
Dans l'axe du portail nord s'ouvre le portail sud dont la particularité est d'être sculpté sur la face interne et non externe. Le pèlerin qui quittait l'édifice était conduit à contempler la voussure dont chaque claveau est constitué de personnages de l'Ancien et du Nouveau Testament marchant allégrement (évocation des pèlerins ?) vers la figure du Christ bénissant. On reconnaît un abbé avec sa crosse, Moïse portant les Tables de la Loi, saint Pierre avec ses clés. En dessous, des animaux fantastiques inspirés des bestiaires montrent la richesse du répertoire ornemental des imagiers de l'époque.
Les bras du transept sont couverts de berceaux plein-cintre, la croisée d'une coupole octogonale sur trompe sur cintre, les absidioles de cul-de-four ainsi que le chœur et les chapelles rayonnantes. Le déambulatoire est couvert de voûtes d'arêtes sans doubleaux. Les chapiteaux du sanctuaire ont été restaurés au XIXe siècle de manière radicale. On remarquera néanmoins ceux des colonnes de la croisée du transept qui sont décorés de feuillages et d'animaux fantastiques ; le tailloir de l'un d'eux est gravé d'une dédicace « facere me Aimericus rogavit » (Aimery a demandé que l'on me fasse).