Église Saint-Chartier de Chef-Boutonne
Javarzay, autrefois châtellenie indépendante, est devenue aujourd'hui un faubourg de Chef-Boutonne. Son église aux proportions imposantes est dédiée à saint Chartier, saint berrichon qui aurait vécu au VIe siècle.
La nef à collatéraux et le transept ont été construits vers 1140 tandis que le chœur a été entièrement refait au début du XVIe siècle. La structure architecturale datant de l'Âge roman rappelle celle de Saint-Pierre d'Aulnay en Charente-Maritime, édifice prestigieux, joyau du Poitou roman, classé Patrimoine mondial par l'UNESCO dans le cadre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle.
L'ample façade est rythmée verticalement par quatre imposants contreforts et horizontalement par une corniche qui détermine deux niveaux. Le portail central à quatre voussures toriques est flanqué de part et d'autre d'une double arcature aveugle, l'ensemble est surligné par un cordon en pointes de diamant. Les chapiteaux sont décorés de masques et de feuilles creuses, les tailloirs ornés de feuillages, d'étoiles et de disques. La puissante corniche est composée de modillons et de métopes sculptés : au centre, l'Agneau mystique, image du Sauveur, accosté d'une chouette et, de part et d'autre, de palmettes, rosaces, étoiles, oiseaux et un personnage en marche portant un bourdon sur l'épaule. Au-dessus du portail, une fenêtre à colonnettes éclaire la nef.
Haute de treize mètres et longue de quatre travées, la nef est voûtée en berceau brisé ainsi que les collatéraux et les bras du transept. Arcs et arcs-doubleaux reposent sur des piles fasciculées à huit colonnettes.
La croisée du transept est couverte par une coupole sur pendentif à grosses nervures toriques. Remarquez l'appareil réticulé très décoratif des pendentifs. Le cordon de dents de loup qui les soulignent est repris à la base de la coupole.
Les chapiteaux de la nef et des collatéraux sont sculptés de feuilles d'eau où se dégagent des volutes de feuillages, de poissons, d'oiseaux juchés sur des lions becquetant leur tête ou leur croupe, de de quadrupèdes dont un lièvre et des têtes de chèvres, de têtes humaines dans une verve populaire.
Le musée de Niort possède une pierre tombale du XIIe siècle
provenant des fouilles réalisées près du cimetière. En forme
de bâtière, elle est décorée d'épisodes de la vie
seigneuriale : d'un côté, une scène de chasse où l'on voit un
couple s'adonnant à la chasse à courre au faucon ; la scène se
prolonge sur l'autre face où elle est complétée par la figuration
d'un jeu de trictrac.