Age Roman : parcours en Charente-Maritime
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Vue de Notre-Dame de l'Assomption de Surgères Longitude : -0.750482
Latitude : 46.105264
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Notre-Dame de l'Assomption de Surgères

Dans les plaines d’Aunis, Notre-Dame de Surgères est insérée dans l’enclos de l’ancien château dont il ne reste que le mur d’enceinte, les tours rondes et les douves au sud. Elle appartenait aux comtes de Poitou qui en firent don à l’abbaye de Vendôme à la fin du XIe siècle. Il paraît donc naturel que le plan adopté soit de tradition poitevine avec une nef à collatérauxNef à collatéraux de l'église de Surgères, un vaste transept à absidioles et un chevet semi-circulaireChevet semi-circulaire, alors que la Saintonge voisine, l’autre province constituant le département de la Charente-Maritime, propose en général des édifices à nef unique et chevet à pans coupés.

L’église a subi des modifications à l’époque gothique : les absidioles romanes ont été remplacées et les voûtes de la nef reconstruites (ces voûtes ont maintenant disparu). En mauvais état, l’église a été considérablement restaurée à la fin du XIXe siècle. Néanmoins, elle a conservé de très beaux ensembles appartenant à l’âge roman qui portent l’empreinte poitevine : la façade occidentale, le chœur, le chevet et le clocher.

La façade occidentale est l’une des plus amples du département. Quoique très restaurée au XIXe siècle, elle mérite l’attention pour le rythme et la qualité des sculptures encore en place. Plus large que haute, elle se présente comme un véritable écran à deux niveaux limité par des faisceaux de colonnes ; le pignon triangulaire percé d’une petite fenêtre et les murs gouttereaux de la nef sont en retrait, ce qui accentue l’impression d’écran plaqué sur l’édifice.

 

Le premier niveau de la façade occidentale

Au premier niveau, sept arcatures régulières sont séparées par des colonnes s’élevant jusqu’à la première corniche. Le portail centréL'entrée principale de la façade occidentale est sans tympan, comme souvent dans la région ; à l’époque moderne, une seconde porteDétail de la seconde porte de construction tardive a été percée dans la deuxième arcade de gauche. Les tympans des arcades les plus proches du portail sont habillés de sculptures en relief, très dégradées, et difficilement lisibles (Christ ? Cavalier ? Samson terrassant le lion ?).

 

Le second niveau de la façade occidentale

Le niveau supérieur a été restauré au XIXe siècle par l’architecte Lisch. Il respecte l’ordonnance du premier niveau avec, toutefois, quelques nuances : une grande arcature à gauche et, de chaque côté de la fenêtre d’axe, des travées plates surmontées de niche en plein-cintre. La fenêtre centrale est moderne et remplace une baie flamboyante du XVIe siècle. De part et d’autre, dans les niches, des cavaliers se font face et dominent les reliefs des arcatures du rez-de-chaussée. Le cavalier au sudCavalier, côté sud de la façade occidentale est relativement bien conservé. Dans une pose naturelle, l’homme à cheval foule un vaincu : le cheval avance et le manteau du cavalier flotte au vent.

Dessinéglise de Saint-Hilaires de Melle

Le thème du cavalier aux façades des églises est propre à la région Poitou-Charentes. Leur signification a donné lieu à de nombreuses interprétations : Constantin, Charlemagne, seigneur local ou réplique en pierre de la statue équestre en bronze (autrefois doré) de Marc-Aurèle au Capitole à Rome selon certains historiens. En effet, comme à Rome où le cheval de l’empereur foule les ennemis vaincus, on distingue ici, sous le pas de l’animal, un personnage étendu qui serait une représentation symbolique du paganisme (à Melle comme à Surgères).

Une partie du décor sculpté a été remplacée au XIXe siècle. Néanmoins, les chapiteaux du rez-de-chaussée, les métopes et les modillons des deux corniches constituent un ensemble de grande qualité dans la lignée des sculptures de Saint-Jean de Montierneuf à Poitiers.

Parmi les chapiteaux, on remarque celui aux deux éléphants affrontéséléphants affrontés proche de celui du musée de Poitiers, provenant de Montierneuf (cf. ci-dessous), ou de celui de l’église Saint-Pierre d’Aulnay, mais aussi des chapiteaux aux griffons affrontéesGriffons affrontés, aux chimères Chimères, aux lionsLions affrontés tous finement ciselés.

église de Saint-Jouin-de-MarnesNotre-Dame de Poitiers

Parmi les chapiteaux, on remarque celui aux deux éléphants affrontés proche de celui du musée de Poitiers, provenant de Montierneuf (à droite), ou de celui de l'église Saint-Pierre d'Aulnay (à gauche)...

Les artistes puisaient leurs modèles dans les bestiaires, recueils d’animaux réels ou imaginaires avec leur signification morale et religieuse. Il n’est pas toujours aisé de nos jours de saisir le sens que pouvaient prendre, à l’époque romane, de telles représentations. Elles venaient rappeler au mauvais chrétien les horreurs qui l’attendaient en Enfer, s’inspirant souvent de motifs venus d’Orient.

ChapiteauChapiteau aux lionsChapiteauTympanTympan

Les musées de la région conservent de nombreux exemples de ces sculptures où s'exprime la fantaisie des artistes.

Les métopes et les modillons des corniches de l’église fourmillent d’anecdotes illustrant la vie quotidienne : montreurs d’ours,Montreur d'ours acrobatesAcrobate, singes musiciensSinge musicien jouant de la harpe, oiseauxRapaces diurne et nocturnes, signes du zodiaque.Réprésentation du signe du Cancer.. et, à nouveau, un singulier bestiaire composé d’animaux fantastiques.

Le chevet très pur a été empâté par les deux absidioles gothiques.

De sobres et élégantes colonnettes jumelées scandent son élévation et la corniche possède des modillons travaillés avec la même verve que ceux de la façade occidentale.

Le puissant clocher octogonalvue du clocher s’élève au-dessus de la croisée du transept. Il est éclairé par seize baies, hautes et finesDétail du clocher, les jeux d'arcatures et de baies , percées dans une arcature à colonnettes et rythmées par des colonnes semi-circulaires.

L’intérieur de l’église donne également une impression d’ampleur. Seul le massif oriental, croisée du transept et chœur, a conservé sa disposition de l’âge roman. Les piliers qui reçoivent la coupole sur trompesLa coupole sur trompes appartiennent à la campagne de construction la plus ancienne, vers 1100. Leurs chapiteaux sont de type poitevin : interprétation du style corinthienChapiteau corinthien, feuilles grasses où se cachent des lionsLions et feuilles grasses tels que les définit Marie-Thérèse Camus dans son ouvrage sur la sculpture romane du Poitou, paru en 2009. L’absideVue générale de l'abside prend la lumière par trois fenêtres habillées d’arcatures et prenant appui sur un bandeau sculpté qui est travaillé, ainsi que les chapiteaux à feuillageBandeau sculpté et chapiteau à feuilles, avec une extrême finesse. Les deux colonnettes de la fenêtre d’axe ont reçu des personnages que René Crozet a identifiés comme étant les représentations de l’EnferL'enfer et du ParadisLe paradis.

 
 
Notre-Dame de Surgères, vue de la facade occidentale Légende  ... La façade occidentale est l’une des plus amples du département. [...] Plus large que haute, elle se présente comme un véritable écran à deux niveaux...
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Vue de détail d'une métope de la façade occidentale : une sirène Légende  Vue de détail d'une métope de la façade occidentale : une sirène
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Vue de détail d'un chapiteau figurant des monstres chimèriques Légende  Vue de détail d'un chapiteau figurant des monstres chimèriques, façade occidentale
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Vue de détail des colonnes et chapiteaux à l'angle de la façade occidentale et du mur sud Légende  Vue de détail des colonnes et chapiteaux à l'angle de la façade occidentale et du mur sud
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Vue du mur sud et de l'absidiole gothique du transcept Légende  Vue du mur sud et de l'absidiole gothique du transcept :... L’église a subi des modifications à l’époque gothique : les absidioles romanes ont été remplacées...
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Notre-Dame de Surgères, vue du chevet Légende  ... Le chevet très pur a été empâté par les deux absidioles gothiques. [...] Le puissant clocher octogonal s’élève au-dessus de la croisée du transept. Il est éclairé par seize baies, hautes et fines, percées dans une arcature à colonnettes et rythmées par des colonnes semi-circulaires.
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Notre-Dame de Surgères, détail d'un chapiteau du chevet Légende  Chapiteaux géminés du chevet
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Vue de la nef et du chœur Légende  Vue de la nef et du chœur
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Notre-Dame de Surgères, fenêtre d'axe de l'abside Légende  ... L’abside prend la lumière par trois fenêtres habillées d’arcatures et prenant appui sur un bandeau sculpté qui est travaillé, ainsi que les chapiteaux à feuillage, avec une extrême finesse. Les deux colonnettes de la fenêtre d’axe ont reçu des personnages...
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Chapiteau à décor végétal Légende  Chapiteau à décor végétal
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