Age Roman : parcours en Charente-Maritime
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Vue de Notre-Dame de l'Assomption de Fenioux Longitude : -0.596352
Latitude : 45.889549
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Notre-Dame de l'Assomption de Fenioux

à Fenioux, village de 250 habitants en pleine campagne saintongeaise, s’élève au flanc d’un vallon l’église Notre-Dame qui, comme bien d’autres dans le département, a subi l’influence artistique de l’église d’Aulnay. Très tôt reconnue comme un haut lieu de l’âge roman, elle fait partie de la première liste des 934 monuments classés, publiée en 1840.  La tour-lanterne de Fenioux, l’une des plus magnifiques qui nous soient parvenues, a été classée le 18 avril 1914.

Notre-Dame de Fenioux, particulièrement intéressante, a conservé des murs carolingiens et une remarquable façade sculptée du XIIe siècleLa façade de Notre-Dame de Fenioux.

Comme la plupart des églises de la région,  elle est dotée d’une nef unique. Les murs, élevés à la fin de la période carolingienne, sont en moellons, peut-être une réutilisation de maçonnerie antique. Plus extraordinaire encore, la nef conserve une série de fenêtres à claustraFenêtre à claustra en pierre ajourée à motifs Fragment de motifs d'une baie aveugle d’entrelacs, de vannerie ou de rosaces caractéristiques de cette époque.

De dimensions modestes, les claustras s’intègrent à des baies dont la partie supérieure est un monolithe gravé de lignes simulant les claveaux d’un arc avec une base excavée en plein-cintre. C’est une pratique courante à l’époque.
Lorsque l’édifice a été voûté en pierre, il a fallu renforcer les murs gouttereaux. Ils ont été doublés à l’ouest, et renforcés par des arcatures, des piliers et des colonnesColonnes et piliers près du chœur à l’est, du côté du chœur. La voûte s’est écroulée au XIXe siècle, entraînant la destruction de la tribuneLes colonnes des premières travées à l'emplacement de la tribune qui avait été établie sur les deux premières travées. Les chapiteaux des colonnesChapiteau à feuille d'acanthe et tailloir en damier qui supportaient la voûte de la tribune sont décorés d’acanthes avec des tailloirs à denticules et damiers s’inspirant de ceux de Saint-Eutrope de Saintes. Cette tribune était une particularité pour la région. était-elle une survivance de l’architecture carolingienne  ? Comment y accédait-on ?

Probablement par un escalier communiquant avec la porte latérale nord (vue de l'intérieurLa porte d'accès nord depuis l'intérieur, vue de l'extérieurLa porte nord de l'extérieur), proche du portail. Quelle était sa fonction ? Peut-être accueillait-elle les personnes non encore baptisées, les catéchumènes.

L’abside, détruite au XVe siècle, a été remplacée par un chevet platLe chevet plat vu depuis le cimetière.  

Quant à la façade, elle se distingue du parti généralement adopté en Saintonge, celui d’un portail central encadré de deux arcatures aveugles. Ici le portail unique, largement ébrasé et encadré par deux puissants et inhabituels faisceaux de colonnes occupe toute la façade. Il est constitué de cinq voussures portées par des colonnes à chapiteaux richement décorés de feuilles d’acanthes inspirées de l’Antiquité, mais interprétées comme à Saint-Pierre d’AulnayChapiteau végétal d'Aulnay ou à Saint-Eutrope de Saintes  ; elles sont sculptées en haut-relief et se détachent de la corbeille du chapiteau. Le deuxième chapiteau, sur la gauche, est orné de deux chimèresChimères affrontées dont les têtes sont coiffées d’un curieux bonnet. Deux griffons adossésGriffons, sur le premier chapiteau à droite de la porte, rappellent le motif que l’on trouve à Aulnay sur le quatrième pilier sud de la nef.

L’analogie avec Aulnay est constante tel le chapiteau double, sous le zodiaque à droite, dérivé de celui qui supporte les Vierges sages du portail de la façade d’Aulnay : une tête mordue par des monstres. On reconnaît les mêmes êtres fantastiques nés d’une imagination débordante, les mêmes rinceaux habités d’animaux ou de petits personnages.

Fenioux

Aulnay

 

Le programme iconographique de Fenioux, comme celui de Chadenac, reprend les thèmes de l’église d’Aulnay : le combat des vices et des vertus, des anges encensant l’Agneau, la parabole des Vierges sages et des Vierges folles et enfin un zodiaque.

Fenioux

Aulnay

Le zodiaque, prétexte à une illustration libre des occupations des hommes au cours de l’année, débute avec le mois de janvier, alors qu’au XIIe siècle l’usage était de faire débuter l’année à Pâques. Un homme qui taille sa vigneUn homme taille sa vigne symbolise le mois d’avril ; en mai, l’homme est à chevalUn homme à cheval une serpe à la main avec une serpe  ; il fauche en juin et lie les gerbes en juilletUn homme lie un gerbe de céréale ; il fait son vinUn homme presse son vin en septembre et rentre son bétail en novembre : des bœufs mangent dans une augeLes bœufs devant l'auge. Les inscriptions latines désignent les signes et les mois.

 

jetons de trictrac roman figurant le signe du Poisson

Les zodiaques permettent de magnifier les travaux des paysans et sont souvent représentés à l’époque médiévale. à l'âge roman, on en trouve aussi en décoration des objets les plus divers. C'est le cas du jeton de trictrac, conservé au musée de Niort et représentant le signe du « poisson ».

Comme dans l’art d’Aulnay, les personnages s’affinent, la silhouette animée de plis concentriques au niveau du ventre et plus allongés sur les jambes, les détails des costumes se précisent  : bliauds aux larges manches pendantes, galons et broderies sculptés.

Au-dessus du portail, une corniche ouvragéeLe haut de la façade avec sa corniche ouvragée supporte six statues mutilées placées de part et d’autre d’un Christ en majestéChrist en majesté et cantonné des symboles des évangélistes. C’est l’unique référence au Jugement dernier, connue en Saintonge. Une seconde corniche, richement ornée de divers motifsDétail de la frise supérieure du pignon dans les métopes et de têtes grimaçantes sur les modillons, souligne le mur pignon. Celui-ci est percé d’une fenêtre au décor finement ciselé.

Sur le flanc nord de l’église, une très belle porteLa porte percée dans le mur nord devait conduire à l’escalier desservant la tribune évoquée plus haut. Son décor presque entièrement floralDétail de l'ornementation florale (fleurs à six pétales et bouton central caractéristiques de la région) est animé par quelques chimèresChimères ornant un chapiteau et un masque grotesqueChapiteau en forme de masque.

Le clocherVue du clocher de Notre Dame de Fenioux a été refait au XIXe siècle par l’architecte Ballu.

Enfin, il faut aller voir la lanterne des morts dont le fût est constitué d’un faisceau de onze colonnes surmonté d’un fanalLe fanal de la lanterne des morts accessible par un escalier. Ces édifices, sujets d’une littérature abondante, ont donné lieu à des interprétations fantaisistes ou fantasmagoriques, comme la numérologie pour celle de Fenioux qui compte onze colonnes pour le fût et treize pour le fanal ! Les lanternes des morts posent encore problème quant à leur datation et leur fonction. Fréquentes en Limousin, Poitou et Saintonge, elles étaient situées au milieu des cimetières où leurs lanternons diffusaient de la lumière : on peut donc penser qu’elles avaient un rôle protecteur. Difficiles à dater, elles paraissent appartenir à l’âge roman comme les églises auxquelles elles sont souvent associées.

 
 
Notre-Dame de Fenioux, vue de la façade occidentaleLégende Notre-Dame (à droite) et la lanterne des morts (à gauche)
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Notre-Dame de Fenioux, vue de la façade occidentaleLégende ... Quant à la façade, elle se distingue du parti généralement adopté en Saintonge, celui d’un portail central encadré de deux arcatures aveugles. Ici le portail unique, largement ébrasé et encadré par deux puissants et inhabituels faisceaux de colonnes occupe toute la façade...
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Notre-Dame de Fenioux, vue de la nefLégende ... Comme la plupart des églises de la région, elle est dotée d’une nef unique. Les murs, élevés à la fin de la période carolingienne, sont en moellons, peut-être une réutilisation de maçonnerie antique...
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Chapiteau figurant des têtes grotesquesLégende Chapiteau figurant des têtes grotesques
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fenêtre au décor finement ciseléLégende le mur pignon [...] est percé d'une fenêtre au décor finement ciselé.
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Détail des voussures : combat des vices et des vertusLégende Détail des voussures du portail centrale de la façade occidentale : combat des vices et des vertus.
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la lanterne des mortsLégende Les lanternes des morts posent encore problème quant à leur datation et leur fonction. Fréquentes en Limousin, Poitou et Saintonge, elles étaient situées au milieu des cimetières où leurs lanternons diffusaient de la lumière : on peut donc penser qu’elles avaient un rôle protecteur. Difficiles à dater, elles paraissent appartenir à l’âge roman comme les églises auxquelles elles sont souvent associées.
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